Pourquoi j'ai voté contre des primaires socialo socialistes, la présidentialisation renforcée et la dépolitisation accélérée
Marie-Noëlle Lienemann
EN VOTANT CONTRE LE PROJET DE TEXTE dit « RENOVATION » LORS DU CN DU 8 juin du PS, j’ai refusé le cadre proposé de Primaires socialo, socialistes ouvertes au « sympathisants » à 1 Euros.
1 ce n’est pas conforme au message prioritairement émis par les militants socialistes lors du vote précédents. Sur la question des primaires, deux options étaient soumise au vote. Celle qui est arrivée nettement en tête faisait le choix de primaires dans le cadre d’un large rassemblement des forces de gauche autour d’une plateforme commune. Ce n’est absolument pas ce qui nous est présenté.
L’organisation de primaires, non pas pour départager des candidats issus de différentes familles de la gauche et de l’écologie qui se rassemblent, mais seulement le candidat PS, est radicalement différente. Il ne s’agit plus de la mobilisation citoyenne pour réussir l’union mais d’une machine à dévitaliser le Parti, ses adhérents étant d’une certaine façon dépossédés du choix de celle ou celui qui les représente dans le combat politique majeur.
2 la présidentialisation accrue et le basculement renforcé vers la 5 ème République : Ces primaires ouvertes, à qui veut venir pour désigner le candidat socialiste, sont supposées lui conférer une légitimité supérieure à celle qu’il aurait par le vote des seuls militants. Mais comme le programme et le projet seront, eux, arrêtés par une convention extraordinaire (et il a fallu que le courant de gauche pèse fortement pour l’obtenir, en lieu et place d’un congrès qui eu été normal pour de tels choix stratégiques), donc par les seuls militants socialistes, il est clair que le programme, le projet ne s’imposeront pas au candidat ou à la candidate retenu(e). Il (elle) pourra faire valoir que ses positions auront été validées, par un nombre bien plus conséquent de français, que les thèses du PS ! C’est le basculement direct vers la présidentialisation de notre vie interne, de la vie politique au sein de la gauche.
Il n’est fait appel au vote « hors les murs » du PS sur le seul choix du candidat à la présidentielle et jamais sur les enjeux de fonds (retraites, Europe, etc…), alors même qu’associer plus largement des militants associatifs syndicaux aux choix programmatiques permettrait, sans doute, de mieux prendre en compte leurs attentes et leurs idées et contribuerait à une renaissance de la force du débat politique, sur le fond. Cette inversion de priorité est contraire à nos valeurs qui privilégie la délibération collective sur le fond au choix du casting d’un homme (ou d’une femme) auquel on confierait les arbitrages essentiels. Si nous sommes naturellement obligés de faire avec les institutions actuelles, il ne faut pas en devenir prisonnier, d’autant que nous voulons les transformer en profondeur et redonner un pouvoir effectif au Parlement.
3- l’effacement des partis et la dépolitisation accélérée
Or le nouveau projet va à rebours de cet objectif. Le texte indique que le candidat ou la candidate pourront s’exonérer sur tel ou tel point du projet voté, en présentant ses options. Or un programme est nécessairement un équilibre, un compromis entre différents points de vues, des revendications diverses, permettant à chacun d’adhérer à la vision d’ensemble. La politique c’est justement l’art d’assurer cette cohérence et ce rassemblement. Permettre au candidat qui s’appuiera sur le vote de personnes n’ayant pas participé aux débats programmatiques de changer l’un des éléments du tout revient à remettre en cause la ligne du PS, son unité et sa capacité à gagner.
1 ce n’est pas conforme au message prioritairement émis par les militants socialistes lors du vote précédents. Sur la question des primaires, deux options étaient soumise au vote. Celle qui est arrivée nettement en tête faisait le choix de primaires dans le cadre d’un large rassemblement des forces de gauche autour d’une plateforme commune. Ce n’est absolument pas ce qui nous est présenté.
L’organisation de primaires, non pas pour départager des candidats issus de différentes familles de la gauche et de l’écologie qui se rassemblent, mais seulement le candidat PS, est radicalement différente. Il ne s’agit plus de la mobilisation citoyenne pour réussir l’union mais d’une machine à dévitaliser le Parti, ses adhérents étant d’une certaine façon dépossédés du choix de celle ou celui qui les représente dans le combat politique majeur.
2 la présidentialisation accrue et le basculement renforcé vers la 5 ème République : Ces primaires ouvertes, à qui veut venir pour désigner le candidat socialiste, sont supposées lui conférer une légitimité supérieure à celle qu’il aurait par le vote des seuls militants. Mais comme le programme et le projet seront, eux, arrêtés par une convention extraordinaire (et il a fallu que le courant de gauche pèse fortement pour l’obtenir, en lieu et place d’un congrès qui eu été normal pour de tels choix stratégiques), donc par les seuls militants socialistes, il est clair que le programme, le projet ne s’imposeront pas au candidat ou à la candidate retenu(e). Il (elle) pourra faire valoir que ses positions auront été validées, par un nombre bien plus conséquent de français, que les thèses du PS ! C’est le basculement direct vers la présidentialisation de notre vie interne, de la vie politique au sein de la gauche.
Il n’est fait appel au vote « hors les murs » du PS sur le seul choix du candidat à la présidentielle et jamais sur les enjeux de fonds (retraites, Europe, etc…), alors même qu’associer plus largement des militants associatifs syndicaux aux choix programmatiques permettrait, sans doute, de mieux prendre en compte leurs attentes et leurs idées et contribuerait à une renaissance de la force du débat politique, sur le fond. Cette inversion de priorité est contraire à nos valeurs qui privilégie la délibération collective sur le fond au choix du casting d’un homme (ou d’une femme) auquel on confierait les arbitrages essentiels. Si nous sommes naturellement obligés de faire avec les institutions actuelles, il ne faut pas en devenir prisonnier, d’autant que nous voulons les transformer en profondeur et redonner un pouvoir effectif au Parlement.
3- l’effacement des partis et la dépolitisation accélérée
Or le nouveau projet va à rebours de cet objectif. Le texte indique que le candidat ou la candidate pourront s’exonérer sur tel ou tel point du projet voté, en présentant ses options. Or un programme est nécessairement un équilibre, un compromis entre différents points de vues, des revendications diverses, permettant à chacun d’adhérer à la vision d’ensemble. La politique c’est justement l’art d’assurer cette cohérence et ce rassemblement. Permettre au candidat qui s’appuiera sur le vote de personnes n’ayant pas participé aux débats programmatiques de changer l’un des éléments du tout revient à remettre en cause la ligne du PS, son unité et sa capacité à gagner.
Cette logique annonce la disparition des partis, comme lieu d’élaboration collective et d’éducation populaire, politique et civique.
4 Une élection qui peut être sous influence
Il n’est pas certain que le candidat(e) sorte aussi renforcé qu’il n’y parait, dans la mesureou faire désigner le candidats des seuls socialistes ( sans blesser le PRG , dont l’impact demeure très modeste) par toute personne qui accepte de payer 1 EURO et de signer une vague déclaration sur les valeurs de gauche peut amener à des bien des dérives et des manipulations, comme le laisse entrevoir le sondage CSA publié dans le Parisien du 4 juin 2010, qui indique que 71% des sympathisants socialistes et 43% de « l’ensemble des Français » iraient voter….ce qui signifie que 25% des électeurs de droite participeraient à ces primaires socialistes !!
Inutile d’insister sur la vulnérabilité, d’une telle désignation, à l’opinion dominante, aux modes éphémères, à l’air du temps, sans même parler du poids des sondages (habilement publiés et commandés), des médias. La formation politique n’est pas une sorte de luxe superflu. Elle prépare les adhérents des partis à inscrire leur pensée, leurs analyses dans une réflexion historique, dans une vision globale, une conception collective, construite, autour de valeurs. On remarquera d’ailleurs que les pays ou des primaires sont organisés sont aussi des pays ou les débats idéologiques sont faibles, les clivages gauche /droite estompés. Au point d’ailleurs qu’aux USA et en Italie, il n’y a pas ou plus de partis socialistes ! Est-ce que nous voulons ? Non est ce que cela permet la victoire de la gauche en 2012, pas plus. Au contraire. La gauche ne gagnera en 2012 que rassemblée et sur la base d’une alternative politique claire.
5 Ces primaires ne sont pas des atouts pour une victoire en 2012
L’argument de la mobilisation induite par les primaires est à double tranchant. La comparaison avec Obama est sommaire. C’est le programme, le « Changer » d’Obama qui a fait sa victoire et non les primaires. Mac Cain aussi a été désigné par des primaires! C’est aussi la capacité des deux principaux candidats (H. Clinton et B. Obama) à se rassembler qui a été déterminante et qui a permis une campagne de terrain.
Quel que soit le mode de désignation, soit les candidats seront peu nombreux, l’unité prévaut et la victoire devient possible. Soit les primaires sont source d’affrontements (et à l’évidence si le jeu est réellement ouvert entre les candidats, ce sera le cas) et il sera difficile de recoller les morceaux au sein de l’électorat socialiste comme de réussir le rassemblement de toute la gauche ! L’organisation de primaires socialo socialistes en lieu est place de la désignation par les militants n’y changera rien, elle peut même accroitre les tensions (conflits de légitimités, critique du corps électoral et de sa représentativité etc..). Et dans tous les cas de figure, elle accélèrera l’effacement des partis dans notre vie politique. De Gaulle, en instituant la Vème République, voulait faire disparaitre les partis. Ne lui donnons pas raison
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