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Lieu : Avignon, Vaucluse, France

vendredi 28 janvier 2011


ALGERIE


Rumeurs de changement au gouvernement : le désarroi d’un ministre

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« Un état d’alerte est déclenché aux niveaux de états-majors des partis de l’Alliance présidentielle qui multiplient les sorties et démentent à tout bout de champ ces rumeurs. Alors qu’en réalité, d’après la personne que nous avons rencontrée en aparté, les ministres ne font qu’acte de présence afin de panser les plaies des dernières émeutes qui ont secoué le pays. Si le gouvernement résume la grave crise que connaît l’Algérie actuellement à une intifadha du «sucre et de l’huile», le ministre les renvoie à une situation qui n’a que trop duré, d’ordre bureaucratique. Il qualifie la situation de «profonde et compliquée». «Nous sommes devant une impasse, l’origine n’est autre que la mauvaise gestion des affaires de l’Etat», explique-t-il.

..

A en croire les confidences de ce ministre, les membres du gouvernement ne sont en réalité que des figurants dont les intérêts se heurtent, se chevauchent et parfois s’entrecroisent avec les intérêts d’autres fonctionnaires réputés très puissants. «Comment pouvez-vous travailler lorsque les directeurs dépendant de votre ministère échappent à votre contrôle ou à votre autorité ? Car ils sont protégés et ne rendent de comptes qu’aux gens qui les ont nommés, et certains n’hésitent pas à l’afficher.....


Pourquoi l’Algérie ne sera jamais la Tunisie

http://www.elwatan.com/weekend/aujourdhui/pourquoi-l-algerie-ne-sera-jamais-la-tunisie-28-01-2011-109146_234.php

« «Alors que le modèle sécuritaire tunisien était vertical, inféodé au seul maintien du clan Ben Ali, structuré autour du ministère de l’Intérieur, de la police et des services secrets, en Algérie, le maillage sécuritaire est beaucoup plus horizontal, analyse un politologue algérien. La puissance est aussi bien distribuée entre armée, services de renseignements et Présidence.» Le pouvoir a développé avec l’armée (services de renseignements et armée de troupe) une relation beaucoup plus complexe que le régime tunisien, donnant naissance à une forme de pouvoir politique que Bassma Kodmani, directrice du think tank Arab Reform Initiativ, appelle «sécuritocratie». «Mais chez nous, la légitimité de l’armée n’est pas la même, nuance le politologue.

«L’Armée nationale populaire héritière de la glorieuse Armée de libération nationale tire toute sa puissance symbolique de la Révolution. C’est une armée politique construite selon un modèle dont la cohésion dépend, depuis 1962, d’un pôle civil et d’un pôle militaire forts.....

« En Tunisie, le mouvement de protestation a été très suivi et appuyé par les syndicats des travailleurs, les avocats, les journalistes, les ligues des droits de l’homme… En Algérie, la situation est très différente : les revendications de la population ne sont pas portées par la société civile», analyse Ratiba Hadj Moussa, professeur au département de sociologie de l’université York à Toronto et organisatrice d’un atelier sur les émeutes en Méditerranée du 6 au 9 avril à Florence (Italie). Accusée d’inertie, la société civile algérienne se défend en accusant le pouvoir d’avoir «cassé toute structure organisée» et «fermé tous les espaces d’expression publics»....

««En Algérie, l’opposition est piégée entre deux logiques. Soit elle a refusé de négocier avec le pouvoir, s’est heurtée à l’absence d’espaces d’expression et n’a pas pu exister. Soit en acceptant d’être représentée au Parlement, elle s’est décrédibilisée aux yeux de l’opinion publique», analyse un ancien journaliste politique. Une théorie qui expliquerait en partie l’échec de la marche du 22 janvier dernier à l’appel du Rassemblement pour la culture et la démocratie....

« «Si l’argent public est mal géré (redistribution clientéliste, corruption, absorption de 40% de la masse monétaire par le marché informel…), la rente pétrolière est redistribuée», note un chercheur en anthropologie politique. «L’Etat algérien est un Etat social.» Les transferts sociaux – argent injecté pour l’attribution de logements sociaux, aux subventions des denrées alimentaires, à l’emploi précaire ou à l’assurance chômage…– représentent chaque année 15 milliards de dollars. «Ces transferts sont parmi les plus importants du monde arabe... pourtant la misère existe


L’esprit contestataire des années 80, ressourcement pour les combats en cours

http://www.elwatan.com/weekend/idees/l-esprit-contestataire-des-annees-80-ressourcement-pour-les-combats-en-cours-28-01-2011-109108_181.php

Au nom du peuple : le procès de la Ligue des droits de l’homme (Cour de sûreté de l’Etat, décembre 1985)*, ouvrage collectif paru aux éditions Koukou, revient sur le procès de 22 personnalités condamnées à de lourdes peines de prison, dont certaines deviendront de célèbres acteurs de la vie publique. Des témoignages qui rappellent que la lutte pour la reconquête des libertés reste d’une brûlante actualité.

- Pourquoi ce livre maintenant et après tant d’années ?

Ce livre relate le procès des fondateurs de la première Ligue algérienne des droits de l’homme, en décembre 1985, devant la Cour de sûreté de l’Etat. La plupart des textes ont été écrits en prison par les accusés. Début 1986, le Collectif contre la répression en Algérie, constitué à Paris en solidarité avec les détenus, avait publié le livre sous le titre : Au nom du peuple, chez Imedyazen. Quelques exemplaires avaient circulé sous le manteau en Algérie. En rééditant l’ouvrage un quart de siècle plus tard, j’ai voulu rappeler comment des citoyens, armés de la seule force de leurs convictions, avaient défié la dictature du parti unique...

L’esprit combatif d’aujourd’hui est encore plus fort, mais son expression pacifique et ordonnée peine à trouver sa voie entre la violence d’une jeunesse désespérée et les manipulations de contestataires avec ordre de mission impliqués dans les luttes claniques du sérail....

Les scandales se suivent et se ressemblent par l’impunité qui protège les barons du régime et leurs clientèles. Si ces affaires ont servi de levier dans la redéfinition des équilibres claniques du sérail, elles n’ont donné lieu à aucune procédure judiciaire. Le parquet d’Alger, pourtant si prompt à s’autosaisir pour des «délits de presse» lorsque des officiels sont mis en cause, n’a visiblement rien entendu. Comme à l’époque du parti unique, la justice est réduite

au rôle d’appendice des appareils politico-policiers. Les juges, qui ont une vision éthique de leur profession et qui ne veulent obéir qu’à leur conscience et à la loi, sont marginalisés et tenus à distance des dossiers «sensibles».


Un état de siège masqué

http://www.elwatan.com/weekend/contrechamps/un-etat-de-siege-masque-28-01-2011-109145_184.php

Les textes de loi régissant l’état d’urgence comportent au moins trois graves irrégularités légales – sans compter l’incompatibilité avec le droit international....


Les militaires ne verraient aucun inconvénient à la levée de l’état d’urgence

http://www.elwatan.com/weekend/aujourdhui/les-militaires-ne-verraient-aucun-inconvenient-a-la-levee-de-l-etat-d-urgence-28-01-2011-109149_234.php

interview de Rachid Benyellès. Général à la retraite, ancien chef d’état-major de la marine

« L’état d’urgence fait partie d’une panoplie de mesures restrictives dont la première implication concrète concerne la restriction des libertés publiques. C’est un instrument pseudo légal permettant d’empêcher toutes les réunions publiques, manifestations ou la création d’associations à caractère politique. Pour rappel, l’état d’urgence a été mis en place en 1992, après l’arrêt du processus électoral. Dix-neuf ans plus tard, alors que le terrorisme est vaincu et que la réconciliation nationale a porté ses fruits, selon ses dires, le pouvoir refuse toujours de lever l’état d’urgence. Lorsqu’il est justifié par une situation exceptionnelle, l’état d’urgence doit être limité dans le temps et ne doit pas dépasser quelques jours ou quelques semaines....

Aujourd’hui un immense fossé sépare le peuple de ses dirigeants. Pour ces dirigeants, le peuple est une «populace», immature qui ignore son bonheur et sa chance de vivre sous sa direction.

...Il n’y a qu’un seul pouvoir et c’est celui qui est entre les mains de M. Bouteflika, car, contrairement aux spéculations en vogue dans certains milieux dits bien informés, il n’y a pas de dualité de pouvoir en Algérie. Les militaires, et cela depuis plusieurs années déjà, se sont volontairement éloignés de la vie politique et ont confié les rênes du pouvoir à M. Bouteflika. Je sais qu’en disant cela, je laisserai sceptiques beaucoup de personnes persuadées du contraire.

La révolution en Tunisie s’est distinguée par une montée en puissance progressive et soutenue dans le temps, des manifestations marquées par une prépondérance des adultes (les adolescents étaient quasiment absents) et par un accompagnement, pour ne pas dire un encadrement, d’une organisation à caractère sociopolitique, l’UGTT en l’occurrence. Tous ces facteurs ne semblent malheureusement pas être réunis en Algérie. C’est pourquoi, il me paraît peu probable qu’une telle révolution puisse avoir lieu chez nous, dans un proche avenir. Mais il n’y a, cependant, aucun doute que les retombées de l’expérience tunisienne auront des effets profonds sur la situation dans le monde arabe et notamment en Algérie.

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