Aide aux banques : des fonds propres... un peu sales ?
8 janvier 2009, 12:30, Les mots ont un sens, par Napakatbra
8 janvier 2009, 12:30, Les mots ont un sens, par Napakatbra
Mercredi, Nicolas Sarkozy a mouliné des poignets, annonçant que l'État allait de nouveau renflouer les banques. Pourtant, tous les voyants bancaires sont au vert et les pontes de la finance enchaînent les déclarations rassurantes. Des cadavres dans les placards ?
Lors de ses voeux aux parlementaires, ce mercredi, Nicolas Sarkozy a déclaré que l’Etat français devrait mobiliser de nouveaux fonds pour aider ses banques. Le volume de ce nouveau plan devrait approcher celui du précédent, de l'ordre de 10 milliards d'euros. "Nous irons au-delà de la première tranche de fonds propres prêtés en décembre (...) s'il faut faire plus, on fera plus" a-t-il déclaré, car "le système est simple : plus les banques ont des fonds propres, plus elles prêtent". Mais qu'on se rassure, les Français ont réalisé une "bonne affaire" dans cette histoire, l'Etat rémunérant ces prêts à 9%.
Evoquant le plan de soutien au secteur bancaire déjà mis en place, il a fait valoir que la France avait évité le "collapse total", notamment en sauvant les banques "dont la faillite aurait entrainé des conséquences dramatiques en chaîne". "C'est ce que nous avons fait avec Dexia, dont j'ai vu avec plaisir les récentes performances boursières" a-t-il aussi asséné. Sacrée performance en effet, puisque l'action a perdu les deux tiers de sa valeur depuis l'entrée de l'Etat au capital, l'allégeant ainsi de deux milliards d'euros. Et pour rajouter au mélodrame, l'ami du président et administrateur de Dexia, Pierre Mariani, annonçait le même jour craindre encore de nouveaux problèmes de liquidités pour la banque des collectivités. Difficile de faire mieux.
Où en sont les banques françaises ? Grande question...
À plusieurs reprises depuis octobre, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a souligné que les banques françaises avaient un "niveau de fonds propres tout à fait satisfaisant" qui n'avait "absolument pas besoin" d'être augmenté. Même son de cloche chez les plus hauts pontes de la finance : "le système financier français est un système financier stable, qui a une solvabilité très confortable". Circulez... Christian Noyer a aussi déclaré, dans le Figaro du 10 décembre, qu'"en zone euro, les banques déposent tous les jours à la BCE environ 200 milliards d’euros de liquidités", plutôt que de les réinjecter dans le système sous forme de prêts, par exemple.
Par ailleurs, si les taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) ont brusquement baissé jusqu'à 2,5%, les banques n'ont visiblement pas l'air au parfum, ou si peu... L'Observatoire Crédit Logement/CSA déclarait lundi que la moyenne des taux pratiqués par les banques dans l'immobilier était de... 5,01% ! Ce qui confirme l'information du Canard Enchainé du 10 décembre, qui révélait que les banques ne cessent d'augmenter leurs marges dans tous les domaines, et jusqu'à +486% pour les crédits immobiliers.
Hippopotame sous cailloux
Résumons : les banques ont des fonds propres satisfaisants, elles augmentent leurs marges en permanence et déposent des dizaines de milliards de liquidités tous les jours sur des comptes "inactifs". Il n'y a donc aucun obstacle technique à ce qu'elles prêtent d'avantage, au contraire. Pourtant, c'est loin d'être le cas. L'État décide donc à nouveau de les renflouer, et elles acceptent sans broncher un crédit à 9% ! Anguille sous roche ou... hippopotame sous cailloux ? Si les banques françaises ont distribué cadeaux sur cadeaux aux actionnaires au lieu d'augmenter leurs fonds propres, il y a fort à parier qu'un autre problème pointe le bout de son nez... De là à évoquer "des cadavres dans les placards", comme le fait si poétiquement Marc Touati, il n'y a qu'un pas... que nous ne franchirons évidemment pas !
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens") http://www.lesmotsontunsens.com/blog-rss.xml
Lors de ses voeux aux parlementaires, ce mercredi, Nicolas Sarkozy a déclaré que l’Etat français devrait mobiliser de nouveaux fonds pour aider ses banques. Le volume de ce nouveau plan devrait approcher celui du précédent, de l'ordre de 10 milliards d'euros. "Nous irons au-delà de la première tranche de fonds propres prêtés en décembre (...) s'il faut faire plus, on fera plus" a-t-il déclaré, car "le système est simple : plus les banques ont des fonds propres, plus elles prêtent". Mais qu'on se rassure, les Français ont réalisé une "bonne affaire" dans cette histoire, l'Etat rémunérant ces prêts à 9%.
Evoquant le plan de soutien au secteur bancaire déjà mis en place, il a fait valoir que la France avait évité le "collapse total", notamment en sauvant les banques "dont la faillite aurait entrainé des conséquences dramatiques en chaîne". "C'est ce que nous avons fait avec Dexia, dont j'ai vu avec plaisir les récentes performances boursières" a-t-il aussi asséné. Sacrée performance en effet, puisque l'action a perdu les deux tiers de sa valeur depuis l'entrée de l'Etat au capital, l'allégeant ainsi de deux milliards d'euros. Et pour rajouter au mélodrame, l'ami du président et administrateur de Dexia, Pierre Mariani, annonçait le même jour craindre encore de nouveaux problèmes de liquidités pour la banque des collectivités. Difficile de faire mieux.
Où en sont les banques françaises ? Grande question...
À plusieurs reprises depuis octobre, le gouverneur de la Banque de France, Christian Noyer, a souligné que les banques françaises avaient un "niveau de fonds propres tout à fait satisfaisant" qui n'avait "absolument pas besoin" d'être augmenté. Même son de cloche chez les plus hauts pontes de la finance : "le système financier français est un système financier stable, qui a une solvabilité très confortable". Circulez... Christian Noyer a aussi déclaré, dans le Figaro du 10 décembre, qu'"en zone euro, les banques déposent tous les jours à la BCE environ 200 milliards d’euros de liquidités", plutôt que de les réinjecter dans le système sous forme de prêts, par exemple.
Par ailleurs, si les taux directeurs de la Banque Centrale Européenne (BCE) ont brusquement baissé jusqu'à 2,5%, les banques n'ont visiblement pas l'air au parfum, ou si peu... L'Observatoire Crédit Logement/CSA déclarait lundi que la moyenne des taux pratiqués par les banques dans l'immobilier était de... 5,01% ! Ce qui confirme l'information du Canard Enchainé du 10 décembre, qui révélait que les banques ne cessent d'augmenter leurs marges dans tous les domaines, et jusqu'à +486% pour les crédits immobiliers.
Hippopotame sous cailloux
Résumons : les banques ont des fonds propres satisfaisants, elles augmentent leurs marges en permanence et déposent des dizaines de milliards de liquidités tous les jours sur des comptes "inactifs". Il n'y a donc aucun obstacle technique à ce qu'elles prêtent d'avantage, au contraire. Pourtant, c'est loin d'être le cas. L'État décide donc à nouveau de les renflouer, et elles acceptent sans broncher un crédit à 9% ! Anguille sous roche ou... hippopotame sous cailloux ? Si les banques françaises ont distribué cadeaux sur cadeaux aux actionnaires au lieu d'augmenter leurs fonds propres, il y a fort à parier qu'un autre problème pointe le bout de son nez... De là à évoquer "des cadavres dans les placards", comme le fait si poétiquement Marc Touati, il n'y a qu'un pas... que nous ne franchirons évidemment pas !
(Article publié sur le site "Les mots ont un sens") http://www.lesmotsontunsens.com/blog-rss.xml
Libellés : crise financière
1 commentaires:
Tous les jours je suis également profondément choqué !
Vers quelle civilisation allons nous ?
Quel exemple donnons nous aux générations futures ?
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