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Lieu : Avignon, Vaucluse, France

lundi 22 mars 2010

LE 20 MARS PAR HENRI EMMANUELLI - 0 COMMENTAIRES

La démocratie méprisée.

La démocratie méprisée.Sous prétexte de déplorer l’abstention, beaucoup de bonnes fées se penchent soudainement sur le sort de la démocratie. Je ne parle évidemment pas des responsables de L’UMP pour lesquels l’abstention est devenu le seul argument qui puisse les dispenser de toute forme d’autocritique. Non. Je parle de celles et ceux qui ont l’air sincère et de ceux qui feignent de l’être. Car pourquoi s’étonner de cette abstention massive quand la démocratie est quotidiennement méprisée et pour le moins tenue en piètre estimé ?

Je suis prêt a parier, dés aujourd’hui, que parmi ceux qui s’inquiètent du taux élevé d’abstention, rares seront ceux qui s’indigneront du fait que des ministres battus à plat couture, désavoués par le suffrage universel, seront maintenu sans état d’âme autour de la table du conseil des ministres. Comme si le suffrage universel n’était plus le souverain dont se gargarise la démocratie. Comme si voter ne servait à rien !

Pourquoi nos concitoyens devraient-il respecter le « vote citoyen » si les principes élémentaires de la démocratie, ceux qui fondent en théorie le contrat social, sont allègrement piétinés dans l’indifférence générale ? Qui, parmi les commentateurs distingués, aujourd’hui apparemment inquiets, s’est offusqué du sort réservé au référendum de 2005 qui n’était pourtant pas une mince affaire ! S’imagine-t-on que ce genre de forfaiture démocratique soit sans conséquences

Qui se préoccupe du sort de notre loi fondamentale, je parle de l’application de notre constitution, qui stipule, dans son article 20 « que le gouvernement détermine et conduit la politique de la nation » et que l’on voit tous les jours ce qu’il en est réellement dans notre monarchie républicaine ? On me dira : c’est la fin de l’hypocrisie du régime bicéphale. Sauf qu’au passage, on a passé par dessus bord le principe fondamental, essentiel en démocratie, de responsabilité du pouvoir exécutif devant le pouvoir législatif ! Excusez-moi du peu ! A ma connaissance, aucune autre démocratie occidentale ne s’est autorisée ce genre de grossièreté à la fois juridique et politique. Je dis bien aucune. Nous sommes la seule pseudo-démocratie ou le détenteur du pouvoir exécutif peut dissoudre le pouvoir législatif sans être responsable devant lui. Pauvre Montesquieu, pauvre Rousseau, pauvre Voltaire, pauvre Gavroche et pauvres constitutionnalistes silencieux....Nous donnons malgré tout, de temps à autre, des leçons aux autres. Et M.r Fillon, acteur dévoué de cette pantalonnade démocratique feint de s’attrister du taux élevé d’abstentions en rejetant la responsabilité de cette carence sur les présidents de régions qu’il met financièrement à sac par ailleurs !

Plus globalement, qui ne voit aujourd’hui que la gouvernance du marché s’impose à la gouvernance politique ? Ou sont les nouvelles régulations annoncées à grand tapage l’année dernière, la mise au pas des paradis fiscaux qui n’ont en réalité rien concédé, sans parler de « la réforme du capitalisme » annoncée qui va se métamorphoser, en réalité, en plan d’austérité pour les classes moyennes et les catégories populaires !

Encore faudrait-il ajouter a ce réquisitoire incomplet les mille et un petits détails qui témoignent tout aussi fortement du peu de considération accordé dans ce pays au souverain, au peuple, au suffrage universel.

Je ne compte plus le nombre de fois ou une personnalité battue au suffrage universel direct dans un scrutin de renouvellement continue imperturbablement son parcours politique, aussi bien à l’intérieur des structures partisanes que sur les plateaux de télévisions. Comme si être désavoué par le souverain ne prêtait pas à conséquence...Sans parler des dynasties renaissantes ! Difficile de s’indigner de ces pratiques : on est immédiatement catalogué comme étant « jaloux », « mesquin » ou « acariâtre » : les « milieux », quels qu’ils soient, n’aiment pas les remises en cause et le dénigrement de leurs règles d’auto-protection.

Et l’on trouve encore la force hypocrite de s’indigner lorsque l’électeur se met à penser « que voter ne changera rien ! »...

En réalité, le « monarchisme républicain » fait des ravages et corrompt bien des comportements au delà des pratiques de l’UMP

Il est profondément anormal que tout débat ou toute discussion à l’intérieur d’un groupe ou entre groupes soient désormais assimilés à une polémique ou a des turbulences. Et que les responsables investis temporairement aient une fâcheuse tendance à considérer qu’ils sont détenteurs d’une sorte de pouvoir temporairement absolu. De ce point de vue, je ne suis pas sur que Mr. Bayrou, qui s’est livré à une critique fort pertinente du fonctionnement de nos institutions, ait, à l’intérieur de sa formation politique, si j’en crois ce que je lis et ce que j’entends, un comportement trs différent de celui de M/Sarkozy à l’UMP ! Pour n’en citer qu’un seul...

Non, décidément, l’abstention n’est pas sans causes...

Une chose est certaine : c’est que dans son projet pour 2012, aussi bien le PS que l’ensemble de la gauche, ne pourra faire l’économie du retour à la démocratie. Engagement et règles précises à l’appui. Sans confondre la forme et le fonds. Car si la question n’est pas traitée avec tout le sérieux qu’elle mérite, nous allons voir réapparaître, dans les faits, une sorte de vote censitaire : seuls les plus riches, les plus vieux et les plus instruits voteront alors que les jeunes, les classes moyennes et les catégories populaires s’abstiendront.

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