débat avec Catherine Trautmann sur les propositions de Ségolène Royal pour la culture où il apparaît que mon éducation trop brève ne me rend pas apte à une concision précise.
nous étions en retard, l'incendie du local où devait avoir lieu la conférence de presse ayant un rien bouleversé le semblant d'organisation.
De l'aveu de Catherine Trautmann il y a fort peu de choses à ce sujet dans les cent propositions, mais notre candidate aurait pris conscience de l'importance de la culture et entend l'introduire dans tous les champs de l'action gouvernementale. Donner aux gens les outils de leur émancipation - exception dans un monde marchand (et cela prend sens face au silence de Sarkozy sur le sujet).
Ce qui nous unit, la république étant basée sur le droit du sol et non le droit du sang, c'est ce qu'ont construit les générations antérieures et ce que nous construisons, nous devons le préserver, l'accroître et en faciliter l'accès pour tous. "La culture ne sauve rien ni personne, elle ne se justifie pas, mais c'est un produit de l'homme. Il s'y projette, s'y reconnaît, seul ce miroir critique lui offre son image" (Sartre dans le quatre feuilles trouvé sur un siège)
Ségolène Royal, qui n'en aurait pas été sure au début, a pris conscience que l'on ne pouvait changer et redresser la France sans les acteurs culturels.
Au début de son ministère Catherine Trautmann a trouvé une situation dégradée, où il n'y avait plus d'argent. Les murs à peu près financés, il ne restait rien. Après ses efforts et ceux de Michèle Tasca (un non-dit assez souligné sur les difficultés d'imposer l'importance de la culture dans le gouvernement Jospin) et un début de reconquête, l'alternance venue, le projet Lang-Tasca pour l'entrée de la culture dans l'enseignement a été abandonné, un coup de couteau de boucher donné aux crédits du patrimoine et le problème de l'intermittence qui se dégradait depuis la tentative de conciliation de 1998 est devenu crucial. Grâce à l'inertie des ministres, la précarité extrême entraîne, peu à peu, l'abandon des artistes, à l'image de l'abandon de notre politique culturelle et pour la recherche, en général.
Dans le bilan de la droite, également, le quasi abandon de l'archéologie préventive, la privatisation de TF1 la chaîne phare et le manque de soutien précipitant l'audiovisuel public dans la course en avant pour la publicité, l'imbécile loi DAVSI, la mort de petites compagnies. La fin de l'époque où nous étions une terre d'accueil pour les artistes étrangers, où nous soutenions leurs cinémas, et, peu à peu, la diminution du nombre d'étudiants étrangers désireux de venir en France. (pensé à ce cinéaste iranien entendu dans la nuit de vendredi à samedi sur France Culture qui, après une longue présence en France, après avoir représenté la France dans des festivals, vient d'apprendre que cette fois sa carte de séjour ne serait pas renouvelée).
Engagements de la candidate
- pour l'intermittence : mise en place d'un système pérenne et équitable replaçant les annexes 8 et 10 au coeur de la solidarité interprofessionnelle - retour au 507 heures en 12 mois pour artistes et techniciens, avec une date anniversaire fixe - incitation forte en CDI des emplois correspondant à des fonctions permanentes dans les entreprises culturelles et audiovisuelles (contrat à étudier pour tenir compte des spécificités)
- permettre à chaque élève d'avoir accès à l'histoire des arts, aux pratiques culturelles et à l'éducation à l'image, de l'école à l'université
- réduire la "fracture numérique". Accès à internet dans les lieux publics notamment (me semble un peu minimaliste) défendre les droits des auteurs et organiser une véritable concertation sur l'avenir du droit d'auteur à l'époque d'internet
- plan de 5 ans pour le spectacle vivant - réorganiser le système des aides publiques et clarifier les responsabilités
- soutien massif aux PME innovantes dans la culture et les médias : crédit d'impôt pour soutenir l'emploi dans les entreprises culturelles qui développent de nouveaux talents - mécanismes pour renforcer les fonds propres des producteurs indépendants
- politique de soutien renouvelée à la lecture, défense de la librairie indépendante (extension de la loi Sueur aux librairies de proximité) - politique ambitieuse de numérisation
- réactiver le marché de l'art contemporain notamment par des mesures fiscales et politique d'ouverture d'ateliers sur tout le territoire pour l'accueil et la résidence d'artistes
- plan de sauvegarde du patrimoine historique, industriel et monumental
- promouvoir la langue française dans le monde en renforçant les lieux de son expression (?) et en réorientant le système d'interventions culturelles à l'étranger
- garantir la pérennité des systèmes d'aide au cinéma tout particulièrement le cinéma indépendant et faciliter sa diffusion dans les salles - donner la capacité aux collectivités locales d'investir pour les cinémas d'art et essai au coeur des villes
- véritable pluralisme de l'audiovisuel et de la presse - nouvelles règles anti-concentration - refonte des systèmes d'aides - nouvelle autorité de régulation de l'audiovisuel - système fort, indépendant, financé, pour le soutien à la création et à la promotion de la culture.
Et j'ai noté, sans ordre, pendant les échanges avec la salle : la défense des langues minoritaires et la ratification de la charte européenne, ce que n'a pas fait Chirac. La recherche de la meilleure solution pour que les équipements culturels qui doivent être recréés dans les quartiers aient des heures d'ouverture correspondant aux besoins des jeunes - retrouver les cours gratuits à l'école des Beaux-arts et au conservatoire (mais là nous étions sur le terrain de la ville et d'une nostalgie avignonnaise). Le soutien à l'éducation populaire (échange aussi passionné que consensuel).
Repris partiellement dans le discours de Ségolène Royal du 26 mars une citation du Victor Hugo du 10 novembre 1848 : "Quel est le plus grand péril de la situation actuelle ? L'ignorance. L'ignorance plus encore que la misère. L'ignorance qui nous assiège et nous investit de toute part..... Quand comprendra-t-on que la nuit peut se faire dans le monde moral et qu'il faut allumer les flambeaux dans les esprits ?" - Et puis je suis un peu de parti pris, peut-être.
4 commentaires:
Je suis très heureux de lire -enfin - des idées qui me tiennent à coeur depuis si lontemps !
La culture ...elle est si souvent oubliée !
Ce mot est si souvent galvaudé à contre sens !
Idéal culturel : permettre l’accès de tous aux savoirs, permettre le développement de la diversité culturelle, la libre circulation des idées.
Merci Catherine Trautmann... Merci surtout, a Brigitte pour ce compte-rendu magnifique.
Le probleme, je le crois, de la culture aujourd'hui, c'est que les candidats, pour la plupart ne sont pas des experts, c'est le moins que l'on puisse dire. Ils lisent peu, voire pas, ne fréquentent pas les musées, ne vont que peu dans les opéras ou les théatres.
Nous regretterons eternellement Francois Mitterrand, qui, lui, était un homme de culture, qui portait cela en lui, et qui avait cette ardente volonté de transmettre aux autres un message.
Aujourd'hui, rien ou presque, et c'est bien triste. Pire, pour Nicolas Sarkozy, pour qui la culture est un ennemi, puisque toutes les dictatures se sont toujours liguées contre l'acces des peuples a la culture.
Merci Brigitte pour ton compte-rendu sur ce sujet qui nous fait grandir chaque fois que l'on s'y plonge. Je suis en cours de préparation d'un café politique sur ce thème et il est vrai que Ségolène ne s'est pas beaucoup exprimée, sais-tu si une transcription intégrale du débat a été faite?
jbr04()tele2.fr
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