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Lieu : Avignon, Vaucluse, France

dimanche 25 mars 2007

suis-je française ? identité, nation, drapeaux et perplexité
Les polémiques en cours, que je n'arrive pas à comprendre (si je conçois leurs buts), m'obligent à tenter de faire le point, non sur ce que je crois assez juste pour être imposé (il n'y a rien venant de moi qui corresponde à cette catégorie), mais sur ce qui m'a été transmis et que j'ai transformé, ce qui me fait face à ces mots. Déjà, je ne supporte pas que cela, qui est peut être une des bases de la personnalité, pour chacun de nous, ce qui nous est propre, soit revendiqué, instrumentalisé par qui que ce soit. Pour être réellement, efficacement, profondément membres d'un groupe humain et y fondre notre individualité, il faut que cela soit un choix. Il y a le fait que je ne peux concevoir ce qui me donne plus de légitimité qu'à un autre humain de vivre en ce pays.
Identité nationale ? Là je me rétracte et puis j'écarquille les yeux, j'essaie de concevoir la chose, et je me détourne. Je ne voudrais que diversité, y compris en moi, - que ce qui me rattache à mes concitoyens, à ceux qui partagent, de naissance ou non, le même cadre de vie, la même langue ne soit pas fixée de l'extérieur, mais se construise peu à peu comme cela a toujours été le cas.
patries - il y a l'amour d'une certaine beauté et une petite souffrance quand elle est à mes yeux entamée, ce qui peut avoir lieu aussi bien par une trop grande propreté, uniformité sous jacente moderne, par des résidences de prestige et leur assez constante laideur, tout autant que l'abandon navrant des quartiers populaires, l'impossibilité dans les deux cas que la vie s'y déploie. Mais je ne saurais imposer mes goûts. Simplement, souvent, je me prends d'amour pour un lieu, parfois seulement à force d'y habiter, je le fais mien, comme peut le faire n'importe qui, et je deviens odieuse par mon envie de faire partager cet amour. Et la France regroupe les lieux qui me sont fraternels.
La langue - je l'aime et n'arrive pas à la posséder, à me l'approprier autant que je le voudrais. Il y a une envie égoïste de la protéger, elle et ses évolutions, parce que, si les autres sont tout aussi belles, elles me sont étrangères et, limitée que je suis, j'ai assez de mal avec le français pour être incapable d'accéder en plus à leur maniement. Alors, bien sur, cela me fermerait des modes de pensée, mais, historiquement ou par choix, c'est aussi celle de Beckett; d'un professeur sénégalais, de certains grands américains etc.. et je me sens plus leur proche que de bien de mes concitoyens. Elle m'est ma vraie patrie peut-être. Mais la certitude que des pans entiers de la pensée humaine me sont étrangers m'interdit de croire notre vision préférable et destinée à s'imposer - juste une envie de persuader, de faire goûter comme un bon plat maison.
cohésion. Il y a un certain nombre de règles du vivre ensemble et de lois, nées souvent d'affrontements entre des portions et classes, et elles font partie de notre trésor, du moins pour celles qui protègent ceux qui en ont besoin. Elles ne sont pas vraiment des "valeurs nationales" puisque rejetées par l'une ou l'autre part de la population, si elles doivent être respectées par tous. Elles ne sont pas une chose arrêtée mais une base sur laquelle nous pouvons nous appuyer pour parfaire la protection de ceux, la majorité, qui ne possèdent pas d'autres outils.
Il y a la cohésion et la fraternité, mais celles-ci ne devraient pas se limiter à une nation, mais s'étendre à tous "les gens de peu" comme elle le fait déjà aux financiers, aux intellectuels, aux artistes etc.. de tous pays. Ce qui ne signifie pas que ceux qui ont conquis, ou dont les parents ont conquis des droits, peuvent y renoncer, mais qu'ils doivent se battre pour que les autres, où qu'ils soient, les obtiennent. Conscients qu'ils ne sont pas adversaires. Jaurès avait raison de penser que les ouvriers et paysans français et allemands n'auraient pas dû être forcés ou persuadés de s'entre-tuer.
Et il y a le drapeau. Signe d'un groupe (extension de ce qui a toujours existé pour tout groupement humain), qui n'est plus concevable que flanqué de celui de l'Europe, signes qui ne doivent pas être exclusion. Pour "les trois couleurs", elles ont été longtemps refusées, d'abord par ceux qui ne voulaient pas de la république en ce qu'elle semblait impliquer de gommage des différences dont ils avaient hérité, ensuite par ceux qui y voyaient l'insigne d'un ordre répressif, un obstacle à la révolution sociale. Mais elles sont une convention, un rappel de l'histoire des humains qui ont vécu les derniers siècles sur cette terre et s'y sont entendus ou affrontés, qui n'appartient à aucun groupe, et que nous ne pouvons laisser devenir un symbole de la droite, que nous ne devons pas laisser opposer à d'autres drapeaux.
Il y a aussi les drapeaux pendus à Saint Louis des Invalides, qui m'émeuvent, non par adhésion à toutes les guerres qui ont été leur cadre, mais par le souvenir des morts, des corps humains sacrifiés quelle que soit leur adhésion ou non aux luttes dans lesquelles ils étaient engagés, et il me serait scandaleux que ces morts leur donne une légitimité pour devenir outils d'oppression. De ceux qui sont morts souvent pour rester libres.
Tout ceci est bien confus (je plaide mon absence de formation politique) et ce m'est signe qu'il ne peut y avoir quelque chose que l'on nommerait "identité nationale" pour établir une norme et exclure, ce m'est signe aussi que refuser une allusion au drapeau est une abdication devant les imbéciles, mais qu'il est idiot de vouloir imposer de l'arborer.
Quant aux "valeurs" personne ne s'accorde sur ce qu'elles sont et un peuple qui s'arc-boute dessus, prouve qu'il n'y croit pas réellement.
J'ai à la fin de cette tartine un petit soupçon désagréable. Suis je vraiment, avec mes traces d'individualisme, "de gauche" ?

3 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Bjr,

J'étais hier au 9ème Parlement des Quartiers Populaires organisé, cette année, à Villeurbanne par APC. 2 000 personnes étaient présentes (sans compter les journalistes). J'y ai vu une France diversifiée. Une France issue des quartiers populaires, mais pas seulement. Une France adhérente au mouvement Agir Pour la Cityonneté (APC), mais pas seulement. Une France militante au PS, mais pas seulement.J'y ai vu une France de tous les âges, de toutes les couleurs, de toutes les confessions et absence de confession. J'y ai vu une France allant du chomeur au fonctionnaire et du petit patron à l'étudiant en passant par le lycéen, le salarié, le retraité, ...
J'y ai vu une France Intéressée par les Tables Rondes, exaltée par le fondateur d'APC, M. Karim Zéribi, attentive et convaincue par Mme Ségolène Royal.
J'y ai vu une France qui applaudissait qd cette dernière disait que les jeunes des quartiers populaires,ceux des zones rurales désertées et ceux des DOM et des TOM faisaient tout autant partie de la France, et de ce qui fonde son identité française, que ceux des beaux quartiers ou de la classe moyenne urbaine. J'y ai vu une salle comme celle décrite tout à l'heure reprendre la Marseillaise et refuser que les symboles de notre République soient récupérés par la droite et l'extrème droite. J'y ai vu une candidate à la présidentielle visiblement fatiguée par le rythme arrassant de cette campagne mais faisant l'effort de parler sans aucune note, pendant près d'une heure. J'y ai vu des gens qui, comme moi, n'envisagent pas les notions de citoyenneté et d'identité comme étant des notion purement géographiques, ou encore moins ethniques, mais comme des concepts forts, issus d'une histoire, forts dans le présent et porteurs d'un avenir qui, tous trois, peuvent être pensés et vécus ensemble; à condition de le vouloir un minimum.
J'y ai vu tout cela, et d'autres choses encore, et je veux croire que la France c'est plus ça que celle présentée par TF1, Europe 1, Le Point et IPSOS! Ne suis-je, pour cela, pas de gauche?

25 mars 2007 à 18:02  
Anonymous Anonyme a dit...

Identité nationale : je vais le dire clairement, c'est une faute politique majeure et lourde.

Lorsque l'on seme sur le champ du voisin, c'est toujours lui qui récolte. En adoptant les themes nationalistes et populistes de Le Pen et Sarkozy, l'on joue un jeu dangereux.

Lorsque l'on se coupe des militant(e)s de gauche, l'on joue un jeu dangereux.

Les symboles de la République, eux, sont la propriété du peuple, pas d'un parti ou d'un autre.

Lorsque Nicolas Sarkozy parlait de l'identité nationale, j'ai fait partie de ceux qui ont poussé des hauts cris, qui ont dit que cette idée, née d'une invention de Max Gallo, Alain Finkielkraut et consorts, avait des relents vichystes.

Alors, quand notre candidate les utilise, je prie les uns et les autres de m'excuser de n'etre point en accord !

25 mars 2007 à 22:03  
Blogger Brigetoun a dit...

je ne le suis non plus - pas uniquement pour le coté vichyste mais parce que c'est idiot, que peut bien être l'identité nationale ? Mais en-a-t-elle vraiment parlé ou est ce une extrapolation pour ceux pour lesquels il est admis que le drapeau est lepéniste.
Et puis j'ai d'autres réserves que je trouve plus importantes et que je suis obligée d'ignorer

25 mars 2007 à 22:30  

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