Ma photo
Nom :
Lieu : Avignon, Vaucluse, France

dimanche 15 avril 2007

A Jérusalem Ouest, un soldat israélien raconte ce que lui et ses camarades sont obligés de faire en Cisjordanie. Malaise dans la salle. Où il est question de mensonges et de miroirs
International Herald Tribune, 22 mars 2007 - diffusé par Common Grounds www.commongroundnews.org, traduit par la Paix Maintenant - un peu raccourci par Brigetoun
"Un soir, un groupe d'habitants de Jérusalem s'étaient réunis pour écouter les propos d'un soldat israélien, troublé par la manière dont lui et certains de ses homologues s'étaient conduits dans la Cisjordanie occupée..."
Ils "ont écouté avec attention Mikhael Manekin, 27 ans, parler calmement de ses quatre années de service dans la brigade d'infanterie "Golani" en Cisjordanie.
Manekin et ses camarades étaient souvent postés à des check points, près de Hebron ou de Naplouse, à contrôler les déplacements des Palestiniens et tenter de s'assurer que des candidats aux attentats suicides ne pénètrent
pas en Israël. Les check points font partie du système de sécurité israélien, avec la barrière de séparation, qui protège Israël mais perturbe également la vie de Palestiniens ordinaires dont la préoccupation essentielle n'est pas d'exploser avec une bombe.
Manekin, lieutenant, est le président du groupe "Shovrim Shtika" (Briser le silence) composé d'anciens soldats choqués par leur propre attitude et celle d'autres, qui ont décidé de réunir leurs histoires et de porter témoignage.
Depuis 2004, ils ont recueilli les témoignages de plus de 400 soldats.
Il a parlé de ces soldats qui humilient ou frappent des Palestiniens pour que les foules restent en rang, de la manière dont on instruit les soldats à se montrer agressifs, mais aussi du fait que la plupart respectent des limites morales décentes. Il a parlé aussi de la peur de voir des centaines de personnes passer de la colère à l'émeute, cette peur qui s'empare de l'âme et rend des jeunes gens brutaux.
"Je ne pense pas qu'il s'agisse du problème de l'armée, c'est le problème de la société. Nous envoyons ces jeunes en notre nom...."
les propos de Manekinont provoq ué un certain malaise, même auprès de ce public réuni au CentreYakar pour la justice sociale...
après la guerre du Liban, l'atmosphère en Israël est morose, avec le sentiment que ni l'armée ni le gouvernement n'ont fonctionné correctement. Le gouvernement est une chose, mais l'armée est l'institution phared'Israël...
Même si le fait de critiquer l'armée est tout à fait accepté dans la démocratie israélienne, et pas seulement à gauche, les propos de "Shovrim Shtika" en ont écorché plus d'un.
Un homme s'est levé pour dire que Manekin et ses amis nuisaient à Israël, et en particulier à son image à l'étranger, pour le bénéfice de leur propre conscience. Dans le public, beaucoup ont approuvé de la tête. Grand et
digne, 45 ans environ, l'homme dit que lui aussi avait servi en Cisjordanie, "et je suis fier de ce que j'y ai fait pour défendre les Israéliens..." Puis il rajouta : "Ces gens ne sont pas comme nous ! Ils nous mentent effrontément !"
Cela en fut assez pour Uriel Simon, 77 ans, professeur émérite d'étudesbibliques à l'université de Bar-Ilan, et colombe religieuse connue.
"Parlons de menteurs", dit-il, puis il fit une pause. "Mon père a été un menteur. Mon grand-père a été un menteur. Comment auraient-ils fait autrement pour traverser les frontières et arriver dans ce pays? Nous avons survécu en mentant. Nous avons menti aux Russes, aux Allemands, aux Anglais! Nous mentons pour survivre ! Je suis le fils de Jacob le menteur !"dit-il. "Et quant aux Palestiniens : bien sûr qu'ils mentent ! Tout le monde ment à un check point ! Nous aussi, nous l'avons fait !"
Les Israéliens doivent se souvenir, dit-il. "La ligne jaune de Buber est entre ce qui est nécessaire, et donc permis, et ce qui ne l'est pas, et donc interdit."
Tout le monde a peur des miroirs, dit-il ...Nous détestons le miroir. Nous ne voulons pas nous voir dans la glace. Nous n'aimons pas les photos qu'on prend de nous..Nous voulons nous voir plus beaux que ce que nous sommes... Le prophète dit : 'Vous êtes laids', et nous ne voulons pas l'entendre. Mais nous devons nous regarder
dans le miroir, honnêtement et sans crainte."..
".. au début de chaque guerre ...il y a une euphorie qui vient d'une croyance quasi irrationnelle dans la force et la puissance, où le glaive peut couper tous les lents processus."
C'est tellement enivrant si, comme Israël, "on a une telle force dont on ne peut pas se servir, et que d'un seul coup, si, on peut."
Mais l'euphorie ne dure jamais longtemps, dit-il. "Nous bombardons le Sud-Liban comme des fous, et pourtant, ils continuent à nous envoyer des missiles."
Le sentiment de frustration est encore plus intense "pour un peuple comme Israël, forcé de vivre par le glaive, car qui va sauver ce petit Etat? L'ONU? La bonne volonté des Américains? Nous serions écrasés 10 fois avant qee l'Amérique se réveille, si même elle veut se réveiller... Et plus on en abesoin, plus on en attend."
A la fin de la soirée, Uriel Simon a dit qu'il était allé parler à l'homme qui avait été si énervé. "Il m'a dit : 'tu ne me croiras peut-être pas, mais je suis d'accord avec 90% de ce que tu as dit."

2 commentaires:

Anonymous Anonyme a dit...

Un mot : Extraordinaire.

C'est tout.

15 avril 2007 à 21:33  
Anonymous Anonyme a dit...

merci ;

c'est si rare de voir des gens qui, dans un contexte de guerre, acceptent de voir qu'autrui, en face, est comme soi !

16 avril 2007 à 15:37  

Enregistrer un commentaire

Abonnement Publier les commentaires [Atom]

<< Accueil