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Lieu : Avignon, Vaucluse, France

vendredi 20 juin 2008


construction européenne - interview Benoit Hamont dans le Point

Lepoint.fr : Quelles doivent être les priorités de la France, durant sa présidence du Conseil de l’Union européenne ?
Benoît Hamon
: Indépendamment des priorités fixées par Nicolas Sarkozy [le gouvernement s'est fixé quatre priorités : l'énergie et le climat, la défense européenne, l'immigration et l'asile et enfin l'agriculture, NDLR], il ne faut pas passer à côté de certains sujets. Je pense notamment à l’harmonisation fiscale et sociale. Il faut aussi se pencher sur la question d’un salaire minimum européen, pour permettre notamment de lutter contre la politique de dumping social. Ensuite, il faut réfléchir à la question du service public. Il n’existe, par exemple, pas de directive européenne qui sécurise les conditions dans lesquelles les pays garantissent le périmètre de leur service public… Par ailleurs, il faut réorienter la politique de la Banque centrale européenne (BCE), qui fonctionne actuellement en roue libre. Il faut réviser le mandat de la BCE, pour qu’elle soit responsable de croissance et d’emploi.
Lepoint.fr : Les 26 autres pays membres vont avoir le regard tourné vers l’Hexagone. Quelles sont leurs attentes ?
B. H. : Les attentes ne sont pas les mêmes en fonction des pays. Les derniers pays qui ont intégré l’UE ont un désir de dérégulation. Ils veulent en effet le moins de règles possible pour profiter des avantages compétitifs du marché intérieur, comme l’Irlande l’a d’ailleurs largement fait depuis qu’elle a intégré l’UE [en 1973, NDLR]. Eux ne devraient pas être déçus de la présidence française. En revanche, des pays comme l’Allemagne, l’Espagne, l’Italie risquent d’être plus déçus, car ils attendent une présidence volontariste qui renforce les pays les plus anciens de l’UE. Ils ont l’impression que l’Europe se dilue dans l’élargissement. Mais Nicolas Sarkozy ne semble pas avoir la volonté spécifique de lutter contre ce phénomène.
Lepoint.fr : Quelles conséquences le non irlandais va-t-il avoir sur la présidence française ?
B. H. :
Ce non va ramener une partie des débats sur la question institutionnelle dont Nicolas Sarkozy voulait se débarrasser. Il va falloir se demander quel régime particulier ou dérogatoire on peut appliquer à l’Irlande pour que le traité soit mis en oeuvre malgré ce rejet. Mais d’une manière plus générale, ce rejet pose la question des messages que l’Europe, telle qu’elle se construit, envoie. Aujourd’hui, je suis persuadé que n’importe quel pays de l’UE à qui l’on aurait soumis le traité par référendum l’aurait rejeté. La réalité de la construction européenne est le contraire de la promesse européenne. Le projet est séduisant, mais dans les faits, l’Europe, c’est aussi, entre autres, ce “Pacte européen sur l’immigration et l’asile”. C’est notamment de cela que les citoyens ne veulent pas.
Lepoint.fr : Justement, les députés européens sont appelés à se prononcer mercredi sur ce dispositif jugé extrêmement répressif. Que lui reprochez-vous concrètement ?
B. H. : Nous sommes là dans une politique de fermeture des frontières. Ce qui est ironique, c’est que les mêmes qui ouvrent les frontières aux capitaux, les libéraux donc, les ferment aux hommes. Cette “directive retour” sur laquelle nous nous prononcerons mercredi [et que les gouvernements européens ont déjà approuvée, NDLR] prévoit des mesures très dures, comme la rétention administrative pour les étrangers refusant de partir, la possibilité de les maintenir dans ces centres pendant 18 mois ; en France la limite est de 32 jours, et bannissement pour 5 ans. Des mesures également applicables aux mineurs ! Pourtant, demain, nous aurons besoin d’immigrés, nous aurons besoin de main-d’oeuvre pour assurer l’équilibre de nos sociétés !

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