carte Cisjordanie en 2002 provenant du Monde Diplomatique
d'un article paru le 27 mars dans Ha'aretz, traduction la Paix Maintenant, mais je pense qu'il est toujours peu ou prou valable
"Le premier ministre Ehoud Olmer a récemment déclaré que l'initiative de paix arabe, anciennement nommée initiative saoudienne, était intéressante et digne d'être prise en considération. Un sommet arabe se tiendra cette semaine..." je sais c'est du passé mais les positions ont elles tant bougé, et l'éclairage sur l'opinion en Israël reste valable
"A la lumière de ces nouveaux développements, le choeur du refus en Israël a entonné" son chant favori. Son principal argument est bien connu, et repose sur l'hypothèse selon laquelle accepter la résolution 194 des Nations Unies de 1949 (note : elle date en réalité du 11 décembre 1948, si l'on veut pinailler) reviendrait à reconnaître le droit au retour et la fin d'Israël en tant qu'Etat juif.
En 1948, environ 720.000 palestiniens ont quitté Israël au cours de la guerre, d'après le chiffre de l'UNWRA (agence de l'ONU chargée des réfugiés palestiniens). Aujourd'hui leur nombre varie entre 4 et 5 millions selon les estimations, et ces réfugiés vivent principalement à Gaza, en Cisjordanie, au Liban, en Jordanie et dans les Etats du golfe. La résolution 194, qui date de la même période, stipule que "les réfugiés qui souhaitent retourner chez eux et vivre en paix avec leurs voisins devraient être autorisés à le faire le plus rapidement possible". Les Etats arabes votèrent contre cette résolution, qui évoquait la fin du conflit et un accord de paix.
Une analyse de cette résolution montre que le choix des mots n'est pas anodin. L'autorisation du retour doit être accordée par l'autorité souveraine du gouvernement israëlien, comme le notait Abbé Eban, ancien ministre des affaires étrangères. Cela signifie qu'il ne s'agit pas d'une sorte de droit naturel, inhérent par essence. Par exemple, un citoyen israëlien est autorisé à pénétrer sur le territoire des Etats-Unis, mais ce n'est pas un droit. Si les autorités américaines lui refusent l'entrée, ce citoyen israëlien ne peut pas les poursuivre en justice pour violation de ses droits. La résolution 194 utilise le mot "autorisés", et non "droit".
Même les dirigeants arabes, dont ceux de l'Autorité palestinienne et le gouvernement syrien, connaissent parfaitement l'intention derrière le choix de ces mots. C'est pourquoi, lors de la réunion de la Ligue arabe du 29 mars 2002, ils ont demandé qu'en sus de la mention de la résolution 194, le plan de paix saoudien... mentionne également la résolution 14/224B, qui stipule que la résolution 194 devrait être interprétée comme une reconnaissance du droit au retour (cette mention ne figure pas dans l'initiative arabe... confirmée à Riyad).... La résolution 194 n'est donc rien d'autre qu'un cache-sexe.
Une combinaison de tous les plans politiques (celui de la Ligue arabe, les paramètres Clinton et l'initiative de Genève) peut sans nul doute donner naissance à un accord global au Moyen-Orient, accord qui comprendrait la fin de toute revendication, des accords sur la question des biens et une solution au problème de Jérusalem et des colonies.
Les sondages effectués sur ces questions montrent clairement que, si la majorité des israëliens s'opposent à l'absorption, même pour des raisons humanitaires, de quelques dizaines de milliers de réfugiés de 1948, près de la moitié d'entre eux sont prêts à un accord sur Jérusalem, les quartiers juifs étant en territoire israëlien et les quartiers arabes en territoire palestinien. Une même proportion serait prête à un échange de territoires, dans lequel 4% de la Cisjordanie (zone où sont situés 80% des colons) seraient échangés contre une surface équivalente près de la bande de Gaza (Ces dispositions correspondent très exactement aux accords de Genève). L'opinion est également en faveur d'une évacuation volontaire des colons des territoires occupés (moi : le diable n'est-il pas dans le mot volontaire ?)
Il s'avère donc que la peur du processus de paix est pour une large partie dans la tête des dirigeants de la droite israëlienne, qui organisent une campagne de peur... L'opinion israëlienne, elle, est plus intelligente que ses dirigeants. Elle est prête à payer le prix en termes de territoires et d'une évacuation massive des colons, sans accorder le droit au retour des réfugiés palestiniens, en échange d'un accord de paix global, sincère et équitable".
3 commentaires:
Comment te dire ma gratitude autrement que par ces quelques petits mots pour ce magnifique billet ?
Merci de parler de ce sujet. Nous avons tous en mémoire ces images de Noa Ben Artzi-Pelossof, petite fille d'Yitzhak Rabin, dans son adresse rituelle a son grand-pere, qui lui disait qu'on lui avait oté cet homme honnete et bon, ses caresses, ses gestes tendres, parce qu'il avait convaincu intimement les israéliens, dans leur immense majorité, de la nécessité de faire la paix avec les amis palestiniens.
Nous avons tous en mémoire ces images des accords d'Oslo, bisés nets (en meme temps que la vie de Rabin) par Ygal Amir et ses amis, le 4 novembre 1995.
Reste un message : la tolérance peut s'installer dans les esprits et chacun peut comprendre que le recours à la violence ne peut résoudre aucun conflit.
Le voyage de Ban Ki-moon dans les territoires occupés pourra peut-etre ramener les uns et les autres autour d'un meme projet.
Et pourquoi pas le projet de 2002 de la Ligue Arabe, en effet ?
Bjr,
Une fois de plus, je suis plutôt d'accord avec Bruno - mon Dieu, Laurent F., sort de mon corps! - on ne peut que remercier d'ecrire de tels articles.
Plus sérieusement, La Paix Maintenant est un mouvement que j'admire depuis bientôt 15 ans. Car il s'est fondé au plus fort des attaques de l'OLP. Et il fallait sacrément du courage à l'époque pour, en tant qu'Israélien, expliquer que si ces attaques étaient effectivement cruelles et injustifiées (car rien ne peut justifier la mort de civils innocents) elles n'en étaient pas moins compréhensibles de la part de populations brimées et stigmatisées (pour ne pas dire plus) par les Israéliens. A l'époque, La Paix Maintenant a vu certains de ses leaders passer devant les tribunaux et connaitre des menaces de mort.
Aujourd'hui, après tant de morts, tant de souffrances, des deux cotés, il semblerait que l'opinion pulique israélienne soit enfin mure pour entendre ce discours. Souhaitons qu'il en soit de même pour les Palestiniens. Et souhaitons également que l'Europe, dt les membres ont fait la preuve qu'ils pouvaient vivre en paix depuis 60 ans après s'être fait la guerre pdt des siècles, en soit totalement partie prenante.
@ + ...
PS : Si cela t'intéresse, tu devrais pouvoir retrouver un article intitulé justement "la paix ... maintenant" sur mon blog à la rubrique "politik frictions de pas chez nous".
je n'ai fait que recopier, mais j'aime penser que les israëliens ne sont pas tous à l'unisson de leur gouvernement, et que l'espoir n'est pas perdu, même si cela devient de plus en plus dificile
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