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Lieu : Avignon, Vaucluse, France

mardi 24 avril 2007


Regard d’une française d’en bas (pas très acquise à première vue il est vrai) sur l’humanisme profond de Nicolas Sarkozy.
Ou mon manque de foi dans la crédibilité de son discours, sous l’effet de l’image que l’on donne de lui et que bien entendu il lui est totalement impossible de métriser ! Je ne peux le prendre au sérieux lorsque j’entends de belles phrases comme celles par lesquelles il a accueilli le score du premier tour :
« Je souhaite que le débat de ce second tour soit véritablement un débat d’idées. Les Français l’attendent depuis trop longtemps, le réclament avec trop de force pour qu’il soit dénaturé. » de la part de celui qui a refusé qu’un tel débat ait lieu sur internet, à défaut d’avoir été organisé par les chaînes de télévision, la phrase est jolie. Il est vrai qu’il jugeait sans doute que n’était digne de le rencontrer, même virtuellement, que son principal adversaire, les autres étant niés, ce qui s’accorde mal avec son discours d’attention à tous. Et je ne peux m’empêcher de revoir l’attitude des députés sarkozistes à l’assemblée.
« J’ai voulu parler à ceux auxquels on ne parlait plus, aux travailleurs, aux ouvriers, aux employés, aux artisans, aux agriculteurs, à la France qui donne beaucoup et qui ne reçoit jamais rien, à la France qui est exaspérée et qui souffre, celle des banlieues en difficulté, des bassins industriels en déclin, des cantons ruraux abandonnés » pour les banlieues, sa venue très tardive, avec déploiement de forces et sans journalistes à Argenteuil (voir le joli reportage de la Télé libre
http://wwwlatelelibre.fr ) ne plaide guère dans ce sens. Sa revalorisation du revenu salarial par le seul jeu d’hypothétiques heures supplémentaires, sa défense des emplois se limitant pour le moment à son mirifique sauvetage d’Alsthom devraient aussi limiter singulièrement la confiance en son action pour la France qui donne beaucoup et ne reçoit jamais rien, les bassins industriels en déclin. (et l’équilibre des comptes sociaux n’est certes pas son principal souci).
« J’ai voulu parler de morale. J’ai proposé la revalorisation du travail, l’école de l’excellence, la moralisation du capitalisme financier, la révolution du développement durable. » Je passe sur la moralisation du capitalisme financier, il serait trop facile de lui conseiller de commencer cette lutte auprès d’une partie de ses soutiens. Pour le développement durable, il est vrai qu’il a souscrit au pacte de Hulot, mais il ne semble pas que même Corinne Lepage ait une confiance absolue en lui à ce point de vue.
« une France où même dans celui qui n’a plus de force on reconnaît la dignité de l’homme et du citoyen. » Là je n’ai pu m’empêcher de sourire en le trouvant si sensible au manque de force (il est vrai que cela se traduit par une dignité concédée vertueusement aux faibles par celui qui ne saurait être leur égal)
« celui d’une République fraternelle où chacun trouvera sa place, où personne n’aura plus peur de l’autre, où la diversité sera vécue non comme une menace mais comme une richesse » Conformité avec son instrumentalisation de la police et des communautés ? Pour mettre en doute cette affirmation il faudrait malheureusement repasser à peu près toute son action lors de ses passages au Ministère de l’intérieur.
Quant aux promesses et à la possibilité de les financer, Eric Besson fait bien d’avoir attendu, lui qui avait rédigé cette belle analyse intitulée « les Fariboles de Monsieur Sarkozy » que les promesses initiales, en matière de réduction des impôts se soient évaporées ou ratatinées au grès de sa campagne et devrait expliquer comment il peut à la fois le juger crédible et ne pas adhérer pleinement à sa politique fiscale. Pourra-t-il nous éclairer sur l’intérêt pour les petites successions de l’exonération proposée, ou sur les bienfaits même économiques du bouclier fiscal ? J’avoue mon incompétence, me limitant à constater la réussite toute relative de la droite ces dernières années, y compris semble-t-il lors du passage de notre héros au Budget.
Bon, il joue de notre recul, et il faut faire campagne pour et non contre, mais il y a aussi, pour moi, l'homme tel qu'il apparaît, volontairement ou non, depuis trop d'années et l'horreur, la peur et l'humiliation que ce serait d'être gouvernés ou représentés par lui.

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