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samedi 26 février 2011

Rachid Boudjedra : «Pour la révolution, mais pas comme ça»

article d'El Watan - 26 février 2011



- Que pensez-vous des émeutes de janvier dites «émeutes de la faim» et du rassemblement de la place du 1er Mai ?Rachid Boudjedra, fidèle à lui-même, offre un regard sur les derniers événements qui ont secoué l’Algérie en homme de lettres mais aussi en simple citoyen d’une Algérie qu’il n’a jamais quittée. L’auteur du FIS de la haine suit les révoltes arabes en observateur du monde et en amoureux de la liberté.


Il y a une véritable détresse humaine des jeunes qui sont en difficulté. Il y a les chômeurs qui ne sont pas organisés. Sans syndicat, sans organisation. C’est quand même bizarre. Cela leur permettrait d’être une force de persuasion et de négociation avec le pouvoir.

- Peut-être ne leur a-t-on pas donné les moyens de se syndiquer ?


Non, je ne crois pas. On ne donne pas ces choses-là. On les arrache. Nous, nous avons toujours arraché les choses. Depuis la guerre de Libération jusqu’au dernier combat contre les intégristes… Les femmes ont arraché un certain nombre de choses. La Tunisie a donné un statut aux femmes, en Algérie, les femmes se sont battues pour. Moi aujourd’hui, j’ai honte d’être Algérien quand tous les jours je vois des mendiants, je vois des gens qui mendient, des enfants, des vieux alors que je fais partie d’une classe plutôt aisé, je n’ai jamais connu ça. Je suis avec les jeunes qui cherchent à s’exprimer mais les méthodes ne sont pas toujours bonnes. Mais le fond du problème est vrai, la raison fondamentale de leur colère est vraie. Je suis solidaire avec eux.


- Alors que pensez-vous de ces rassemblements ?


Maintenant ce qui se passe de façon politique pour ces rassemblements, on n’y trouve qu’un seul parti. Même la décision du FFS de boycotter est un geste de grande sagesse de Aït Ahmed. Ce qui est bizarre dans ce rassemblement, c’est qu’on a un parti et à côté on a des associations. La ligue des droits de l’homme par exemple, j’ai été fondateur et fait partie de ligue pendant trois ans.
Nous avons fait un statut qui disait que le bureau était élu pour trois ans non renouvelables. Depuis 1990, c’est le même secrétaire général non élu. Il n’y a pas eu de congrès. Alors comment peut-on parler de démocratie? Elle est bizarroïde cette composante. Un parti ? Il doit y avoir plusieurs partis. Les associations, il y a en qui sont très honnêtes. Et il y a en beaucoup qui sont là pour des choses plus ambiguës. Les revendications de ces marches sont politiques et uniquement politiques. On demande la démocratie mais qu’est ce que la démocratie ? Je suis contre ce pouvoir depuis 1962 qui est le même en fin de compte ; un pouvoir rentier, autoritaire, pas du tout dictatorial comme on le dit. Il y a une nuance entre Ben Ali et Bouteflika, il y a une nuance entre Moubarak et Bouteflika. D’autant plus qu’il y a des espaces de démocratie et d’expression évidentes dans notre pays. Je n’ai pas marché et je suis content de n’avoir pas marché car je serai tombé nez à nez avec Ali Belhadj. Le bourreau du peuple algérien qui disait de sa prison «égorgez- les avec un couteau aiguisé». C’est quand même incroyable ce bonhomme. Ali Yahia Abdenour, moi je ne peux pas marcher avec cet homme. Il était pour San Egidio quand nous, tous les jours, on se battait ici, que nous nous cachions, que certains d’entre nous étaient patriotes. Il défendait le GIA, je ne peux pas marcher avec un homme comme ça. Impossible. C’est vrai que c’est subjectif et politique mais c’est pour ça que je suis content de n’avoir pas marché.


- Ne manque-t-on pas d’espaces de liberté en Algérie ?


Il y a des espaces de libertés et de démocratie évidents dans notre pays. Il y a une grande liberté de création. Mes livres passent de chez moi à l’imprimerie. Il n’ y a pas de censure comme on l’a vu en Tunisie ou en Egypte. Nous n’avons pas une censure officielle sur tel livre, tel film. Nos camarades tunisiens souffraient. Il ne faut pas comparer la situation politique algérienne et la situation en Tunisie et l’Egypte. Et puis il y a d’abord la logique du multipartisme. Il y a des partis qui représentent, hélas la société. Les trois partis qui font le pouvoir, cela reflète hélas une certaine réalité sociale. Moi je ne suis pas le peuple, nous les intellectuels, nous sommes paumés, perdus. L’espace de gauche par exemple a complètement disparu, c’est quand même bizarre, pour être remplacé par un espace sauvagement libéral.


- Que pensez-vous des appels des Etats-Unis et de l’Europe ?


Moi, par rapport à la Tunisie et l’Egypte, j’étais choqué que M. Obama dise à l’armée ne faites pas ceci, faites ceci, à Moubarak la même chose, et maintenant on a une brochette de gens qui donnent des leçons à l’Algérie qui a payé le prix fort. L’Algérie est un pays convalescent et c’est aussi pour cela que je ne marche pas. Nous, on a déjà fait une révolution en 1988. Ce qu’on fait les Egyptiens et les Tunisiens, nous l’avons fait en 88. Après il y a eu les 10 années de terrorisme qui étaient d’une certaine façon une révolution. Sanglante, certes mais une révolution. Nous avons commencé avant tout le monde. Je ne parle pas de la guerre de libération car nous sommes les seuls à l’avoir fait. On n’a donc pas à nous donner des leçons. Il faut, lors des rassemblements, dissocier les mouvements syndicaux des mouvements politiques. Les partis ont les moyens. Le RCD a les moyens. Il a des députés à l’Assemblée nationale. Chacun touche 400 000 dinars quand le SMIC est à 15 000 dinars. Est-ce qu’ils ont les moyens de s’exprimer ou pas ? Et puis nous avons une presse libre. Personne ne peut en douter. Il y a des poursuites en diffamation mais ça, c’est justement le jeu démocratique. Ce concept de la démocratie qui est bradé comme un épouvantail reste flou. Certains pays riches le secouent à notre attention. Quand on voit en France, lors de la réforme des retraites, jusqu’à 5 millions de personnes qui manifestent et Sarkozy qui n’a rien fait dans ce sens ! Il a méprisé le peuple français. Si c’est ça, ses leçons de démocratie et bien moi je n’en veux pas. Qu’il se les garde.

- Pourquoi l’espace politique est-il vide, selon vous ?


Il y a eu un grand travail du pouvoir, surtout ave la gauche qui a peu à peu cassé la politique et ce, depuis la mort de Boumediene.

- Alors quel est le malaise ?


Le malaise, c’est la redistribution des richesses dans ce pays. L’incurie de ce pouvoir et de ce gouvernement… Il y a une gabegie incroyable. Il y a une incurie de l’administration, la bêtise de la bureaucratie et la corruption évidemment. L’Etat a construit beaucoup de logements mais quand vous savez que pour chaque projet, il y a un quota qui part pour ceux qui en ont déjà, il y a une rente pour certains. Et on les connaît, on peut citer des noms.
Ce pays a 200 milliards de dollars de côté et c’est une très bonne chose. On voit des problèmes de chômage des diplômés. Des gens de très haut niveau. C’est la honte. Et les sans diplômes peinent aussi. Mais parallèlement certains ne travaillent pas. On a des Chinois. On a des noirs. Dans mon immeuble, ce sont les Noirs qui occupent les postes de concierges. Les nôtres n’en veulent pas. Il ne faut pas idéaliser que d’un côté.
Les jeunes sont dans une détresse. Il y a aujourd’hui de la prostitution, et de façon généralisée. Cela n’existait pas chez nous. On se moquait des Marocains. On partait au Maroc pour rencontrer des prostituées. C’est aussi une forme de corruption. Vous savez que chaque syndicat autonome est divisé en trois et chacun dit «c’est moi» le plus représentatif. Mais c’est sain parce qu’il y a un débat. C’est un pays qui vit, qui conteste. Une presse qui parle et qui est même parfois provocatrice, excessive et c’est pas mal sauf quand ça touche la vie privée des gens. Ce pouvoir, parce qu’il a trop vieilli, est vraiment trop inefficace, décalé et corrompu. C’est pour cela qu’il faut qu’il s’en aille. Mais ce n’est pas en fonctionnant selon les méthodes de ces marches qui me semblent tellement minoritaires. Elle me font de la peine. Car parmi ces marcheurs, il y a des gens sincères. Donc ce n’est pas comme ça. Le changement politique est nécessaire. L’Algérie en a besoin.


- Cela ne peut donc pas se limiter à la levée de l’état d’urgence ?


Non, il faut que le pays change, que le pouvoir politique se réforme mais je pense qu’il est incapable de changer. Le pouvoir est malade, il est gangrené. Mais d’un autre côté, l’opposition est molle, pas efficace et ces rassemblements ne me convainquent pas. Les gens ne sont pas non plus convaincus. Ils pensent : «Ils veulent tous manger». C’est vrai que quand on écoute les discours de Said Sadi, on a l’impression que ce qu’il veut c’est devenir le président de la République, mais il ne peut pas le devenir. Les gens ont l’impression que ce sont des luttes de clan, que c’est manipulé. Le jour où la clarification se fera vraiment par la nature même des choses, par la vie et bien là, les gens changeront de pouvoir. Mais là apparemment ils n’en ont pas envie.


- Y a-t-il léthargie des intellectuels, ou peut-être ne sont-ils plus assez nombreux suite au terrorisme ou à leur exil ?


On a des élites ici dans tous les domaines. On a des artistes. L’élite existe. Elle n’est pas plus ou moins importante que l’ancienne. Mais elle est blasée. Elle est déçue et parfois elle est même cynique. Mais on a une élite, qui observe, qui analyse. Quand on parle du roman francophone, les lecteurs français pensent tout de suite aux Algériens.
Il y a aussi des Marocains de qualité, des Tunisiens il y en a moins mais en Algérie on produit. Des écrivains, des peintres, des metteurs en scène. On a de grands patrons de la médecine et qui travaillent dans un climat dégueulasse. Cette élite a été cassée peu à peu. Avant il y avait le PAGS dont les militants n’étaient pas très nombreux, mais très influents. Avec sa disparition, il y a de nombreux intellectuels qui ne se retrouvent plus dans un parti.


- Quel est le maillon faible de la société algérienne ?


Ce n’est pas l’arabisation qui a cassé le système. L’arabe est une langue comme les autres. Il y a le mythe que c’est l’arabe qui a tout faussé. Au départ,. on n’avait pas d’instructeurs et on a fait venir des étrangers. Il y en avait de bonne qualité mais la plupart étaient médiocres. Cette école a été créée par des non Algériens. Il n’ y avait pas de pédagogie. L’arabe se devait d’être enseigné aux enfants mais sans couper avec le français. En France, avec le nombre d’Arabes qu’ils ont, il n’existe que 2 postes d’agrégation en arabe alors qu’il y avait 5 postes par an. Le système scolaire, dès le départ était déficient. C’est ce qui explique l’échec social, économique et même culturel. On produisait 60 films par an. Aujourd’hui deux films par an alors qu’il y a beaucoup d’argent. C’est vrai que beaucoup d’élites ont été assassinées, d’autres sont parties. Cela a affaibli les choses mais toute réforme nouvelle doit se concentrer sur l’école. Si on a une école correcte, on aura une société correcte. Aujourd’hui on a une société schizophrénique. Elle est fermée, autiste. Mais je tiens à préciser que ce n’est qu’un point de vue. Je ne détiens pas du tout la vérité absolue. Je suis simplement un citoyen qui aime ce pays et qui souffre que ce pays n’aille pas mieux.


- Pensez-vous que l’Etat joue encore avec les islamistes aujourd’hui ?


Je pense que Ali Belhadj est actuellement manipulé par le pouvoir. C’est ce qui se dit beaucoup. Quand on l’a vu avec son drapeau algérien qui traînait par terre, il était misérable. Par contre l’alliance politique a un parti islamiste avec des ministres, des députés, des maires. Ils fonctionnent. Le pouvoir fonctionne avec l’islamisme. Même une certaine aile du FLN est tout à fait islamiste. C’est elle qui est au pouvoir.


- Cela représente-t-il la société algérienne ?


Hélas oui. Quelque part le pouvoir reflète la société. Plus que nous, les intellectuels.


- Qu’est-ce qu’il faudrait ?


Il faut une révolution, mais pas comme ça.

Zineb Amina Maiche

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lundi 21 février 2011

Algérie


contestation des gardes communaux

http://www.elwatan.com/actualite/les-gld-reclament-un-statut-de-la-dignite-21-02-2011-112721_109.php

« L’opération, entrant dans le cadre du nouveau redéploiement de ce corps paramilitaire vers d’autres structures de sécurité, n’est pas du goût des 2000 gardes communaux activant à l’échelle nationale. Ils contestent fortement le nouveau statut d’agent de sécurité qui leur a été proposé en vue de la dissolution de ce corps paramilitaire. »

... »Nous avons été recrutés en 1994. Nous avons été affectés dans les zones les plus reculées. Nous risquions notre vie pendant les années du terrorisme. Nous étions au devant de la scène et, aujourd’hui, on se retrouve les derniers de la chaîne», peste un agent, qui récuse l’idée de devenir agent de sécurité.

...Ces agents de la garde communale réclament le versement de leurs indemnisations et l’augmentation de leur salaire. «Nous demandons notre préavis de départ», ont-ils lancé.

Grève de trois jours des agents communaux

http://www.elwatan.com/actualite/greve-de-trois-jours-a-partir-d-aujourd-hui-21-02-2011-112738_109.php

« Le secteur compte plus de 500 000 fonctionnaires dont 50% ne touchent pas un salaire supérieur à 9000 DA.
Ces fonctionnaires des APC, si l’on croit Ali Yahia, porte-parole du syndicat, vont prendre part massivement à ce débrayage pour exiger la satisfaction de leurs revendications.
Cette initiative extrême de contestation est motivée, précise-t-on, par la dégradation du pouvoir d’achat des travailleurs communaux qui n’arrivent plus à faire face au coût de la vie et à la précarité de l’emploi des vacataires et contractuels. »

... « Le syndicat dénonce le retard flagrant (plus de trois ans) pour la promulgation du statut particulier et du régime indemnitaire des communaux contrairement aux autres secteurs de la fonction publique, comme il déplore le non-respect des lois de la République relatives à l’exercice du droit syndical et le droit des travailleurs de se constituer en syndicat dans plusieurs établissements publics et institution de l’Etat et s’insurge contre leur exclusion dans l’élaboration du statut particulier et de toutes les lois relatives au monde du travail tel que le nouveau code du travail ainsi que l’exploitation des travailleurs par le recours aux recrutements entre autres, dans les cadres du filet social, emploi de jeunes, pré emplois.. »

le climat des affaires assombri par incertitude politique

http://www.elwatan.com/supplement-economie/actualites/les-investisseurs-dans-l-expectative-21-02-2011-112744_198.php

« L’instabilité juridique, instaurée par la loi de finances complémentaire pour l’année 2009 et certains articles des lois de finances des années suivantes, avait déjà porté un coup fatal à l’investissement aussi bien national qu’étranger, mais également au fonctionnement des unités de production existantes, subitement contraintes de changer leurs modes habituels de financement des matières premières, pour en adopter qu’un seul et unique mode, en l’occurrence le crédit documentaire qu’elles ne maîtrisaient pas et qui, de surcroît, ruine leurs trésoreries.« A quoi cela servirait il d’investir dans un pays où le promoteur n’a même pas le droit de choisir le mode de financement qui convient le mieux à son affaire, parce suspecté d’avance d’être un tricheur potentiel ?», nous a déclaré un industriel installé dans la zone industrielle de Rouiba, qui a depuis quelques mois décidé de mettre en veilleuse son usine et tente de compenser ses pertes en se rabattant sur l’importation de produits de consommation. »

... « De nombreux investisseurs étrangers ont pourtant fait l’effort d’attendre une éventuelle remise en cause de ce dispositif qui n’a au bout du compte rien apporté de positif au pays, puisque les importations n’ont pas cessé d’augmenter (près de 50 milliards de dollars en 2010), que les IDE sont réduits à la portion congrue et que le privé national n’investit pratiquement plus dans le productif. Aucune démarche gouvernementale, pas même un discours politique susceptible de les rassurer n’a été initié par nos gouvernants, les investisseurs ont pratiquement tous choisi la voie de l’attentisme si ce n’est carrément le renoncement total à investir dans notre pays »

.. « Les investissements publics soutenus par d’importants budgets de l’Etat ne pourront même pas colmater la brèche, du fait que de très nombreux projets, notamment industriels, n’arrivent pas à être concrétisés dans les délais impartis du fait de la complexité des procédures de financement et autres lourdeurs administratives. »

levée de contraintes concernant les IDE

http://www.elwatan.com/supplement-economie/actualites/reparer-les-degats-de-la-lfc2009-21-02-2011-112747_198.php

«Il s’agit, en fait, de la suppression pure et simple des mesures contenues dans la loi de finances complémentaire de 2009 et qui ont été à l’origine du musèlement et du verrouillage excessif du marché national à l’égard des investisseurs étrangers et autres opérateurs du commerce extérieur. Les déclarations tenues par le ministre de l’industrie et la PME/PMI, Benmaradi, confirme en tout cas cette volonté du gouvernement. En premier lieu, c’est la clause dite 51/49 obligeant l’association d’un partenaire national, public ou privé, à tout projet d’investissement à hauteur de 51%. Ce qui fait que les capitaux étrangers ne peuvent en aucun cas dépasser la part des 49% dans tout investissement réalisé au niveau local. »

« Parallèlement aux appels successifs formulés ces derniers jours par de nombreux partenaires de l’Algérie pour davantage d’ouverture dans les domaines politique et économique, un nouveau rapport de la banque mondiale souligne un net recul des investissements étrangers en Algérie »

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samedi 19 février 2011

En direct la Marche du 19 février à Alger : la repression s'abat sur les manifestants

http://www.elwatan.com/actualite/en-direct-la-marche-du-19-fevrier-la-repression-s-abat-sur-les-manifestants-19-02-2011-112447_109.php
En direct la Marche du 19 février à Alger : la repression s'abat sur les manifestants

zoom | © sami K (El Watan)


11h00 Rachid Malaoui, du SNAPAP a été bléssé et évacué vers l'hopital Mustapha. Les premières arrestations sont effectués par la police.

Des jeunes adolscents sont placés sur les trottoirs avec des portraits de Bouteflika, pour provoquer les manifestants. des provocations qui risquent de déraper à tout moment.

10h50 : Bouchachi, Ali Yahia Abdenour et des dizaines de manifestants sont bloqués sur le boulevard belouizdad, à quelques pas du ministère. Dès que les marcheurs tentent une incursion vers la place du 1er, ils sont violemment repoussés.

Ils scandent des slogans contre le pouvoir, contre Bouteflika.

Belaid Abrika a failli être lyncher par des jeunes. Il a été sauvé par des policiers.

10h35 : La police fonce sur les marcheurs et réprime les manifestants. Les coups de matraque n'épargnent personne. Les premiers blessés sont enregistrés.

Les manifesants improvisent une marche dans l'autre sens, vers Belcourt.

10h20 : Ali Yahia Abdenour et une dizaine de militants se sont rassemblés du coté de la banque société générale à Belcourt, à quelque mètres de la place du 1er mai . Ils sont rejoints par d'autres manifestants, portants des pancartes "Bouteflika Dégage". Ils sont pls d'une centaine et ils se positionnent sur le boulevard belouizdad.

Le groupe grossit et les policiers tentent de le contenir, au niveau des arcades face au ministère de la jeunesse et des sports. Selon nos journalistes sur place, les manifestants sont près de 400.

10h10 : Un premier groupe de marcheurs a commencé à se regrouper à la place du 1er Mai, mais il a vite été repoussé vers Belouizdad. Les policiers quadrillent toute la place, interdisant aux passants de circuler librement. Aucune halte n'est persmise pour les simples citoyens, au risque de recevoir un coup de matraque. Le dispositif de ce 19 Février est plus hermetique, plus dur que celui du 12 février dernier.

Les journalistes sont empêchés de travailler, puisque les policiers les chassent d'un endroit à un autre.

Samedi matin, les premiers passants qui se sont aventurés au niveau de la station de Taxi de la Place du 1er Mai ont été refoulés sans ménagement par les forces de l’ordre. "Circulez, vous n'avez pas le droit de rester debout ici. Aujourd’hui on ne tolérera aucun mouvement sur cette place, alors partez et ne revenez plus dans les parages ", apostrophent, sur un ton menaçant, des policiers antiémeutes un groupe de journalistes.

Décidément, la marche à laquelle a appelé la Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) ne s’annonce pas sous de bons auspices.

Les autorités, ont encore une fois déployé un dispositif policier impressionnant dès les premières heures de cette matinée du samedi 19 février sur toutes les rues de la capitale du pays, Alger.

Les gares ferroviaires ont, une nouvelle fois, été fermées et aucun train n'a quitté les quais. Les barrages routiers ont été mutipliés notamment sur l'autoroute qui relie Tizi-Ouzou, Boumerdes et Béjaia à Alger. Certains policiers n'ont même pas hésité à refouler des citoyens dont le seul tort est d'être originaire de Kabylie !

"On a voulu me refouler d’Alger sous prétexte que sur ma carte d’identité est mentionné comme lieu de résidence Tizi Ouzou", confie ainsi un collègue d’El Watan, habitant à Alger, qui a été minutieusement contrôlé par la police devant la Maison de la presse Tahar Djaout.

Les mêmes contrôles policiers ont été effectués au niveau des différents carrefours de la Capitale. Les forces de l'ordre, pour effrayer la population et dissuader tout citoyen d'aller manifester, ont usé à maintes reprises d'un ton menaçant en direction des Algériens.

El Watan.com

mardi 15 février 2011

Selon la Banque mondiale

L’Algérie doit sortir de sa dépendance «excessive» du pétrole

http://www.elwatan.com/economie/l-algerie-doit-sortir-de-sa-dependance-excessive-du-petrole-15-02-2011-111822_111.php


   Le siège de la Banque Mondiale à Washington.
le 15.02.11 | 03h00
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Le siège de la Banque Mondiale à Washington

.«La crise économique mondiale a rappelé à l’Algérie les risques associés à la dépendance excessive du pétrole», a rappelé cette institution, tout en insistant sur la nécessité de mettre un environnement favorable à la création d’activités hors hydrocarbures pour créer des emplois destinés à une «population jeune de plus en plus qualifiée». «L’Algérie continue à faire face à des défis majeurs en termes de diversification économique et de création d’emplois de qualité», observe la BM. L’institution de Bretton Woods préconise une «amélioration de la qualité des dépenses publiques et des réformes significatives du climat des affaires» qui, d’après elle, permettront cette transformation économique et assureront «un meilleur ciblage des services publics, un programme d’aide sociale plus efficace, un meilleur rendement économique des investissements publics, notamment dans les infrastructures».L’Algérie doit diversifier son économie pour sortir d’une dépendance «excessive» du pétrole, a estimé la Banque mondiale (BM) dans sa présentation du Cadre de partenariat stratégique (CPS), endossé vendredi dernier à Washington par son conseil d’administration, rapporte l’APS.

La BM souligne que le contexte est favorable pour adopter une politique qui va dans le sens d’un développement économique durable. «En plus de la stabilité retrouvée, elle (l’Algérie, ndlr) a réalisé d’importants progrès économiques ces dernières années, une augmentation du niveau de vie et l’amélioration de ses infrastructures», explique la même source. Pour ce faire, l’Algérie doit adopter «un nouveau modèle de croissance qui doit être plus à l’abri de la volatilité des prix du pétrole», note-on dans le document rendu public par la BM.

Cette institution internationale a brossé un tableau plutôt favorable à l’Algérie, qu’elle considère comme étant «en bonne position pour réaliser ses considérables potentialités économiques, tenir un rôle stratégique dans la région et contribuer à l’intégration économique entre l’Afrique du Nord, l’Europe et l’Afrique subsaharienne». «Le PIB de l’Algérie par habitant (4400 dollars en 2010) est l’un des plus élevés dans les pays de la région MENA, hors-Conseil de coopération du Golfe (CCG)», souligne encore la BM. «Les progrès réalisés au cours des dernières décennies dans le développement humain et les infrastructures, et ses stocks importants en ressources énergétiques et minières fournissent des bases solides pour réaliser ce potentiel et permettent un développement économique plus fort et plus diversifié», ajoute-elle.

Elle relève qu’«au cours des dix dernières années, l’Algérie a eu une croissance soutenue et a amélioré l’équité sociale par d’ambitieux programmes d’investissements publics (…) après deux décennies de stagnation économique en conséquence de la crise des prix de pétrole dans les années 1980 et l’instabilité politique». La BM attribue cette performance à «la combinaison d’une gestion macroéconomique prudente et l’augmentation des recettes des hydrocarbures». «Cette politique budgétaire combinée avec une dette extérieure faible et une gestion économique prudente ont permis à l’Algérie de résister à l’impact de la récente crise mondiale, en dépit de la baisse des recettes des hydrocarbures», signale-t-on.


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sur le


sur l'état de droit et l'état d'urgence http://www.elwatan.com/actualite/de-l-etat-des-lieux-en-general-et-de-l-etat-d-urgence-en-algerie-en-particulier-1re-partie-15-02-2011-111850_109.php

et http://www.elwatan.com/contributions/idees-debats/la-marche-du-12-fevrier-l-agression-par-les-chiffres-15-02-2011-111820_240.php


sur les défauts et chances de la contestation

http://www.elwatan.com/entretien/amel-boubekeur-le-pays-a-interet-a-eviter-la-bipolarisation-pouvoir-securitaire-islamistes-terroristes-15-02-2011-111832_121.php


sur les réactions à l'étranger (« occident »)

http://www.elwatan.com/une/les-grandes-capitales-preoccupees-15-02-2011-111834_108.php

Libellés :

lundi 14 février 2011


sur la situation politique et économique du pays

http://www.elwatan.com/actualite/qui-sauvera-le-soldat-bouteflika-14-02-2011-111680_109.php

http://www.elwatan.com/supplement-economie/actualites/nasser-bouyahiaoui-une-faillite-dans-les-choix-strategiques-14-02-2011-111697_198.php

http://www.elwatan.com/actualite/le-pouvoir-lache-du-lest-14-02-2011-111670_109.php


Petit relevé contestation en Algérie


Chorfa (Bouira) : nuit de samedi 12 février après manifestation descente punitive de la gendarmerie au domicile de 3 jeunes, qui sont blessés dont un grièvement


dimanche 13 février


Annaba : 3000 chômeurs se présentent chez le wali pour demander un des 7000 postes à pourvoir annoncés samedi par un journal. Insatisfaits ils se rebellent et lancent pierres et autres projectiles sur le siège de la wilaya. Intervention des forces anti-émeutes qui tourne en affrontement.


Boumerdès : 300 chômeurs munis des lettres d’orientation qui leur ont été délivrées par les responsables de l’emploi jeudi dernier à Bordj-Menaiel se présentent à la direction des travaux publics. Réponse : pas d'embauche immédiate. Mécontentement. Sans plus.


Mezaraou (Sidi Bel Abbès) sit-in 400 jeunes chômeurs devant le siège de la coopérative des céréales pour exiger leur recrutement (dénoncent l'octroi de postes à des personnes issues de localités avoisinantes à leur détriment)


Tadmaït (Tizi Ouzou) : dans la nuit entre samedi et dimanche, des jeunes armés de pierres et cocktails molotov attaquent commissariat. Repoussés avec gaz lacrymogènes. Il y aurait trois blessés parmi les émeutiers. Le boulevard du centre ville avait été bloqué par des pneus brûlés et autres objets.


Nuit

Chorfa (Bouira) : réunion à l'APC (?) et demande déplacement des locaux de la gendarmerie - échafourées


Lundi 14 février


Boumerdès : sit-in de 200 garde-communaux et lettre au Premier Ministre exigeant paiement heures supplémentaires, augmentation de salaires promise etc...


Tizi Ouzou : des jeunes bloquent boulevard pendant plusieurs heures : revendication : « répartition équitable » de locaux commerciaux projetés


Tizi Ouzou : Les étudiants en graduation et en post graduation, de l’université Mouloud Mammeri de Tizi Ouzou ont observé, ce lundi, 14 février, une grève pour revendiquer le maintien du système classique


Bouira : centre universitaire : Les étudiants du département de droit qui suivent encore le système classique ont refusé de passer leurs examens prévus pour aujourd’hui lundi 14 février - demandent depuis plusieurs semaines que l’administration du centre procède à l’ouverture des classes Master pour les licenciés du système classique et augmente le nombre de places pédagogiques pour le Capa (Certificat d’aptitude à la profession d’avocat) à Bouira

Libellés :

dimanche 13 février 2011

Algérie – bribes ou résumés articles El Watan



Alger – accès le 12 février

« Les voitures, en provenance des wilayas de Bouira, Tizi Ouzou et Béjaïa, ont été refoulées après une minutieuse opération de tri. A Réghaïa, les gendarmes en faction au barrage permanent de l’autoroute ont doublé de vigilance durant la matinée d’hier pour ne laisser entrer aucun véhicule qui présentait une quelconque suspicion. C’est ainsi que des voyageurs ont été sommés de rebrousser chemin après une interminable attente sur le bas-côté de la route. Idem pour le barrage de police des Bananiers, où des centaines de voitures, portant les matricules desdites wilayas, ont été contraintes de faire demi-tour.
Sur la rocade sud, les deux principaux barrages de gendarmerie et de police ont effectué le même travail de filtrage, la file de voitures qui s’est formée à partir du premier barrage s’est étendue sur plusieurs kilomètres. »


Marche devenue occupation de la place – samedi 12 février

«.... Un groupe se crée autour de Amazigh Kateb, près des arrêts de bus. Très vite, le groupe envahit le boulevard Belouizdad et se met en position pour marcher devant le ministère de la Jeunesse et des Sports. «Bab El Oued-Champ Manœuvres, aya les jeunes !», «Barra barra ya l’pouvoir !» sourdent de la bouche des émeutiers. Les pétarades du Mawlid Ennabaoui en rajoutent une couche. Une forte déflagration déchire l’air. Une grenade lacrymogène, semble-t-il. «Le pouvoir veut gérer la génération facebook avec l’esprit de 1962», ironise un citoyen. A partir de 13h, la manif change de contenu. Malgré l’affluence continue de manifestants, les jeunes du quartier de Belouizdad prennent le dessus. Sauf qu’ils ont cessé de s’en prendre aux marcheurs. «Nous leur avons parlé et les avons retournés contre ceux qui les ont payés», se félicite Abderrahmane Oukali, chef du bureau d’Alger du RCD.

A mesure que les heures s’égrènent, la place du 1er Mai semble plus que jamais conquise. Des débats parfois passionnés éclatent entre «pro» et «anti» Bouteflika, le tout dans une ambiance citoyenne relevée, comme les Algériens n’en ont pas vue depuis belle lurette. C’est peut-être cela, le plus grand trophée de cette journée impétueuse : reconnecter les Algériens entre eux. «Cette marche, même si elle a été réprimée par la police, même si des milliers de manifestants ont été empêchés de rejoindre la capitale, a été pour moi un franc succès», se félicite Mustapha Atoui du Snapap et membre de la CNCD, qui ajoute : «Il faut simplement se dire que ce n’est que le début et qu’il ne faut surtout pas lâcher cette dynamique. En Egypte, ils ont commencé à 40 et ont fini par être des millions. C’est le début de la fin pour ce système !»



participants politiques

Coordination nationale pour le changement et la démocratie

s'y joignent

anciens membres dirigeants FFS Mustapha Bouhadef, Djamel Zenati, Malek Sadali, Hamid Ouazar et Abdeslam Ali Rachedi

Noureddine Bahbouh, ancien ministre de l'agriculture, ancien diplomate, ancien ministre communication gouvernement .Bentibour

Djamel Fardjallah, Ali Brahimi et Tarek Mira anciens membres du RCD

etc... début de regroupement de l'opposition (mais toujours pas toute)


participants

« L’initiative avait donc valeur de test tant pour les organisateurs que pour les citoyens qui partagent les mots d’ordre retenus par la CNCD mais qui demeurent encore dans l’expectative, qui veulent en savoir plus sur ce mouvement en pleine structuration avant de s’engager »

« Il y avait de tout au milieu des manifestants : des citoyens militants ou non des organisations politiques et de la société civile regroupées au sein du CNCD qui a appelé à la marche d’hier et qui constituaient le gros des manifestants, des mots d’ordre et une représentation islamiste en la personne de Ali Benlhadj (interpellé puis relâché par la police), des revendications identitaires, un groupe de quelques jeunes pro-Bouteflika, un cortège de jeunes qui se déplaçaient de carré en carré, vite désignés comme des provocateurs, des casseurs envoyés pour faire capoter la manifestation. Des débats chauds sont échangés entre groupes de manifestants sur les tentatives de récupération ou de sabordage de la marche. Des réflexions malencontreuses qui auraient pu dégénérer ont été entendues, comme cette femme qui apostrophait un jeune parlant au téléphone en kabyle, l’emblème national sur les épaules, le sommant d’un ton haineux de «cesser de susciter le désordre dans le pays et de rentrer dans son pays, en Kabylie (!!!)». (écho à ce que j'ai trouvé sous des vidéos et à deux remarques sur le fil de France 24)


arrestations

« Selon la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (Laddh) 300 personnes ont été arrêtées durant la journée, dont une cinquantaine de femmes. Alors que le ministère de l’Intérieur, quant à lui, a tenté de minimiser les arrestations en parlant uniquement de quatorze personnes interpellées. Invraisemblable. Les fourgons de la police se sont avérés insuffisants pour embarquer les centaines de manifestants vers les commissariats de police.

Si la plupart d’entre elles ont été relâchées, il reste encore une soixantaine de personnes entre les mains de la police. »

samedi 12 février 2011

Algérie – la non-marche du 12 février

vu à travers ce que j'ai pu trouver en écoutant Face 24 et el Jazeerah qui en parlaient fort peu

sur El Watan quand son site a été débloqué et sur les fils « live » du Monde.fr et de France 24


les bus partant de Tizi Ozou bloqués

le FFS et le FIS ne participent pas

plus de 35.000 policiers dans Alger

organisation : La Coordination nationale pour le changement et la démocratie (CNCD) rassemble des partis d'opposition (dont le RCD, le Rassemblement pour la culture et la démocratie), des représentants de la société civile et de syndicats non officiels. Elle est née le 21 janvier dans la foulée des émeutes qui ont fait 5 morts et a pour mot d'ordre "changer le système" face au "vide politique" qui menace selon elle la société algérienne "d'éclatement".

Mais (source Le Monde) : Le co-fondateur du Front islamique du salut (FIS) Ali Belhadj se trouvait se matin dans la manifestation, mais celle-ci ne bénéficie pas de l'appui officiel des principaux syndicats ni des principales formations d'opposition, ni encore des organisations islamistes radicales interdites. L'initiative a notamment été rejetée par le parti d'opposition historique FFS de Hocine Aït Ahmed, qui a parlé de "surenchère verbale". L'agence algérienne APS a également fait état du rejet du Front national algérien (15 députés sur 389), du syndicat national autonome des personnels de l'administration publique (SNAPAP) et du Parti des travailleurs ( 26 députés).

(et ce qui apparaissait dans certains commentaires : Saïd Sadi est berbère et certains reprochaient à la manifestation d'être trop marquée "kabyle")

El Watan :

Un trafic ferroviaire suspendu, des gares fermées, des bus au compte-gouttes, des barrages fixes installés un peu partout, une circulation routière perturbée, en ce samedi 12 février, Alger ressemble à un établissement pénitentiaire surveillé soigneusement par les services de sécurité.

Le siège du RCD à la rue Didouche Mourad encerclé par des dizaines de policiers

9h20 : Said Sadi, Ali Yahia Abdenour et d'autres personnalités politiques et syndicales font leur apparition à la place du 1er mai. Ils sont immédiatement cernés par des policiers qui les empêchent de bouger.

9h30 : Environ 200 manifestants sont rassemblées derrière le ministère de la jeunesse et des sports. Ils sont encerclés par les forces anti émeutes, qui leur bloquent le passage vers la place du 1er Mai.


France 24 : 9 h 39 Selon notre envoyé spécial à Alger, quatre députés du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD) et une soixantaine de militants ont été arrêtés. Ils se trouvent actuellement au commissariat proche de l'hôpital Mustapha. Deux personnes ont été blessées, indique le porte parole du RCD, Mohsen Belabes,qui fait partie des personnes arrêtées.


el watan : 10h00 : Près de 300 manifestants, pour la plupart des jeunes au cotés de Bouchachi, Ali Yahia Abdenour, Said Sadi et d'autres membres de la coordination pour le changement démocratique, sont rassemblés à la station de taxi derrière le ministère de la jeunesse et des sports. Les policiers ont cessé la matraque, tout en maintenant l'encerclement des manifestants.


10 h 19 France 24 : algérina : Selon l'AFP, pour l'instant une vingtaine de manifestants réclamant le départ du président Abdelaziz Bouteflika ont réussi à rejoindre la place du 1er mai, dans le centre d'Alger. Des milliers de policiers anti-émeutes sont toujours déployés

10 h 28 d° : Des témoins rapportent à l'AFP que des échauffourées ont lieu à Alger et que des personnes ont été interpellées.


11h08 France 24 Quelque 2 000 manifestants forcent le cordon policier à Alger, où l'opposition appelle à une marche. (AFP)

indiférence Al Jazeerah et médias français

11h24 Selon un journaliste algérien indépendant contacté par France24.com, qui se trouve place du 1er mai, il y a en ce moment beaucoup d'arrestations de femmes par des femmes policiers. "Beaucoup de manifestants sont présents place du 1er mai, mais il y a encore plus de policiers anti-émeutes, explique-t-il. Les slogans criés par les manifestants sont à peu près les mêmes que ceux qui étaient scandés en Égypte et en Tunisie. Les manifestants veulent un changement de régime.


Tweeter FelixWetzel Felix Wetzel : Aljazeera says 3000 in #Algeria have joined the May 1 square in protest! Rock on! (exagéré)

11 h 24 taharani taharhani: #Algerie manif Le chanteur Amazig Kateb de l’ex groupe diffusion a été agressé par des contre manifestants [via Twitter]

# Algerie manif des centaines de jeunes du quartier de Bab El Oued rejoingent la manifestation [via Twitter]


arrestations à Oran et Annaba


12 H 07 France 24 : Ahmed Tazir, correspondant à Alger : "La Ligue algérienne des droits de l'Homme parle déjà d'une trentaine d'arrestations, notamment de députés du parti d'opposition et de syndicalistes. La police empêche les manifestants de marcher vers la place des martyrs."


12 H 10 France 24 : taharhani: # manif des voyous payés par l’état ont sabordé la marche, selon un manifestant. Ils les ont ramené de leurs quartiers [via Twitter]



12 h 26 sur le fil France 24 [Commentaire de la part de yasmine ] Oran : Quelques centaines de manifestants à la place d'armes à Oran ; la police tente d évacuer la place.


12 H 38 le monde fr. : @ Karim Sahla Des tirs de sommation ont été lancés à Alger, pas de gaz lacrymogènes pour l'instant.

12 H 41 le monde fr. : Selon le ministère de l'intérieur algérien, il y aurait 250 personnes sur la place du 1er-Mai.

Voici quelques informations sur l'accessibilité des sites d'informations algériens, notamment sur celui du journal El Watan. Ils semblerait que le site soit saturé par le trafic important qu'il connaît aujourdh'ui.

Commentaire de la part de Algerois ] Elwatan est accessible a partir d'Alger a 12h44. Le serveur de TSA est sature par moments, mais le contenu des articles est accessible via facebook.


12 H 51 France 24 : Selon notre envoyé spécial Tahar Hani, un petit nombre de contre-manifestants sont rassemblés place du 1er mai et crient "Vive Bouteflika !"

12 H 56 le monde fr : Algérie-Soir rapporte que les réseaux sociaux sont en train d'être bloqués progressivement en Algérie. Si vous êtes en Algérie actuellement, dites-nous si c'est le cas.

[Commentaire de la part de Tommy Versety ] Facebook fonctionne toujours !

[Commentaire de la part de ben ] oui facebook fonctionne


13 H Saïd Saadi (je crois) président du RCD sur France 24 TV : la Casbah commence à bouger

1500 arrestations dont 500 femmes

"Le président Bouteflika serait bien inspiré de quitter le pouvoir. Il symbolise un système qui a ravagé le pays."

"Je n'ai pas pu dire un mot à la télévision algérienne depuis 8 ans"


13 H 09 le monde fr. : [Commentaire de la part de Ichawiyen ] A Setif un dispositif policier important a été déployé,j'ai vue pleins de véhicules de la gendarmerie se diriger vers le sud de la wilaya possible que sa chauffe. Certains commerces sont fermés et un climat assé lourd pése


13 11 fil le monde : [Commentaire de la part de Ahmed ] Traduction du reportage Al Jazeera : les organisateurs ont décidé de mettre fin à cette marche car la police a empêché l'accès aux principales artères de la capitale. Selon les organisateurs 5000 manifestants étaient à dénombrer. Le reportage signale aussi la présence de manifestants pro bouteflica et le fait que plusieurs bus en provenances d'autres villes ont été interceptés par les forces de l'ordre.

[Commentaire de la part de citoyen ] petite correction. dans la video d'Al jazeera, ce n'est pas les organisateurs qui ont décidé, c'est le journaliste qui pense que les organisateurs veulent mettre fin à la marche. c'est son avis à lui d'apres ce qu'il dit

13 H 15 le Monde : Les manifestants sont toujours sur la place du 1er-Mai à Alger, entourés par un important dispositif policier. Ils scandent des slogans hostiles au pouvoir.

13H22 fil monde : [Commentaire de la part de Nabil ] D'aprés le site internet DNA-Algérie, c'est Mustapha Bouchachi, porte-parole du CNCD, qui appelle les manifestants à se disperser


13 H 30 El Watan : Le nombre de manifestants ne cesse de grossir. Des dizaines de jeunes, y compris ceux qui scandaient dans la matinée des slogans pro bouteflika, ont rejoint la place du 1er Mai où quelques escarmouches ont été signalées.

13 H 38 fil le Monde.fr : [Commentaire de la part de Nabil ] Sur le site du quotidien électronique TSA : Le site internet de la présidence de la République est inaccessible. Les Anonymous ont promis de s’attaquer à des sites des institutions algériennes en soutien aux manifestants.

Le Monde : Selon le collectif Envoyés Spéciaux Algériens, qui a des membres sur place, "la répression à atteint son degré le plus élevé ce matin de 11:00 à 12:00" avec des interpellations par des policiers en civil.

13 h 49 fil le Monde.fr : Commentaire de la part de Guest ] @Lyes et LeMonde : c'est faux, ne vous faites pas avoir par les stratégies de désinformation du gouvernement algérien, il y a bel et bien des affrontements violants à Bejaia d'après un contact en Algérie.


13 H 50 France 24 : "J'ai le regret de dire que le gouvernement a déployé une force importante pour empêcher une marche pacifique. Ce n'est pas bon pour l'image de l'Algérie", a déclaré Mustafa Bouchachi, le responsable de Ligue des droits de l'homme. (AFP)


13 h 52 Le Monde : Effectivement, ce chiffre (250) diffusé par le ministère de l'intérieur semble très, très bas si on en croit les vidéos qui circulent et les témoignages de personnes sur place. Al-Jazira et France 24 parlent de plusieurs milliers de personnes sur la place du 1er-Mai.


14 H 00 El Watan : Plus de 2000 manifestants sont actuellement rassemblés à la place du 1er Mai. Ils occupent tout l'espace autour du jet d'eau. Les policiers bloquent la rue Hassiba. Certains manifestants proposent de passer la nuit sur la place du 1er Mai d'Alger.


14 H 07 Le Monde : @soussou Les manifestants sont toujours sur la place du 1er-Mai, entourés par un important dispositif policier. Ils scandent des solgans hostiles au pouvoir. Des dizaines d'interpellations ont déjà eu lieu.

fil le Monde.fr : [Commentaire de la part de Abdou ] @soussou : environ 10 000 manifestants selon Al Jazeera


14 H 12 Selon France24 qui a joint son envoyé spécial sur place Tahar Hani, les organisateurs de la manifestation ont quitté la place du 1er mai mais des manifestants sont toujours sur place


14 19 France 24 : Le site du quotidien algérien "El-Watan", difficilement accessible dans la matinée, fonctionne de nouveau normalement.


14 H 23 Le Monde : Plusieurs lecteurs du Monde.fr nous font parvenir des informations, parfois contradictoires, sur la situation dans les autres villes du pays. Des marches étaient initialement prévues, bien qu'interdites, à Oran, à Tizi Ouzou (à 105 km d'Alger), Boumerdes (à 60 km de la capitale) et Bejaïa (à 260 km) et à Tipaza (80 km à l'ouest d'Alger).

fil le monde.fr : Commentaire de la part de Omar ] Tentative de rassemblement échouée à Oran (place d'armes). Les policiers déployés sur place ont vite fait de disperser le moindre groupe se formant en moins de 30 minutes.

fil le monde.fr : Commentaire de la part de Groganga ] A Annaba, toutes les personnes en possession d'appareils photos, de caméras sont arrêtées


14 H 38 Le Monde : Selon Dernières Nouvelles d'Algérie, la ligue algérienne des droits de l'homme évoque plusieurs cas d'arrestations : 40 personnes auraient été interpellées à Oran et 20 à Annaba. Toujours d'après cette source, les personnes arrêtées à Oran ont été relâchées dans la journée après audition avec procès verbal.


Oran


14 H 45 Le Monde : @Georgespaul Pour l'instant, les témoins des manifestations ne font pas état de violences malgré plusieurs interpellations. Des coups de feu ont été tirés, mais en l'air; on ne nous signale pas de gaz lacrymogènes. Les manifestations semblent se concentrer autour de la place du 1er mai.

14 H 55 Le Monde : Les chiffres varient toujours d'une source à l'autre; l'AFP fait état de 2 000 personnes place du 1er mai. - Ce chiffre est aussi celui donné par El Watan


15 H 09 fil France 24: Commentaire de la part de bladi ] Grande manifestation aussi à Ghardaia, ville au sud de l'Algérie.


15 H 18 Le Monde : A Oran, 400 à 500 personnes se sont réunies place du 1er novembre (ancienne Place des Armes) . Une trentaine d'arrestations ont eu lieu : le chef local de la CNCD, le professeur d'université Kadour Chouicha et son fils, et deux journalistes, Djaafar Bensaleh du quotidien arabophone El-Khabar et Kamel Daoud du Quotidien d'Oran, ont été brièvement interpellés, selon des témoins, avant d'être libérés, de même que deux artistes mimes. Les informations précises concernant les autres villes sont difficiles à obtenir.


15 H 24 France 24 : Selon notre envoyé spécial Tahar Hani, les organisateurs de la marche ont quitté la place du 1er mai mais un certain nombre de jeunes se trouvent toujours sur place. Ils affirment qu'ils ne bougeront pas. D'autres essaient de les rejoindre, mais la police les empêche d'accéder à la place.

15 H 27 France 24 : Tahar Hani précise que des hélicoptères survolent la place du 1er mai à Alger.

(Tahar Hani est l'envoyé de la chaîne)


El Watan :

La police tente de chasser les manifestants dont le nombre ne cesse d'augmenter, mais c'était sans compter sur la determination de ces jeunes, qui ont réussi à reprendre le terrain. Les policiers et les manifestants jouent au chat et à la souris. Les groupes de manifestants changent bougent beaucoup pour ne pas être pris en tenaille par la police.

Plus de 2000 manifestants sont actuellement rassemblés à la place du 1er Mai. Ils occupent tout l'espace autour du jet d'eau. Les policiers bloquent la rue Hassiba.

Certains manifestants proposent de passer la nuit sur la place du 1er Mai d'Alger. Les manifestants crient des slogans hostiles au pouvoir. "Ouyahia esserak" (Ouyahia voleur), "Echaab yourid iskat enidham" (le peuple veut la chute du régime), "mazalna mazalna thouar" (on demeure des révolutionnaires).

A Constantine un rassemblement de jeunes a été dispersé par la police, une heure après son début.


J'arrête

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vendredi 11 février 2011

Après la chute du Raïs, l’armée égyptienne sur le fil



vendredi 11 février 2011, par Philippe Leymarie

http://blog.mondediplo.net/2011-02-11-L-armee-egyptienne-sur-le-fil

Le peuple a fait tomber le régime ! Le peuple a fait tomber le régime ! », scandait ce vendredi soir une foule en délire, sur la place Tahrir au Caire, devenue symbole du mouvement de contestation déclenché le 25 janvier. « Armée égyptienne, il faut faire un choix : le régime ou le peuple ! », proclamait hier une des principales banderoles. Alors que le président Hosni Moubarak vient d’annoncer sa démission, offrant aux manifestants une victoire aux débouchés incertains, tous les regards se tournent vers l’armée qui a préféré sacrifier le Raïs, pour avoir des chances de préserver et l’unité du pays, et sa propre cohésion...

« Compte tenu des conditions difficiles que traverse le pays, le président Mohammed Hosni Moubarak a décidé d’abandonner le poste de président de la République et chargé le conseil suprême des forces armées de gérer les affaires du pays », a déclaré le vice-président Omar Souleimane dans une brève allocution télévisée, suscitant aussitôt une explosion de joie dans la rue égyptienne. Contrairement à ce qu’avait promis Moubarak dans son discours en forme de testament, jeudi soir, la transition ne se fera donc pas dans les formes constitutionnelles, un général passant simplement le bâton à un de ses plus fidèles adjoints.

Acteur politique majeur. Depuis la prise du pouvoir par les « officiers libres », en 1952, derrière Gamal Abdel Nasser, les militaires monopolisent le pouvoir en Egypte. Les successeurs de Nasser — Sadate, Moubarak, et maintenant Souleimane — étaient ou sont tous des généraux. Et le premier ministre nommé ces derniers jours par le président Moubarak est le général d’aviation Ahmad Chafik.

L’armée égyptienne est, selon le chercheur Tewfic Aclimandos, « l’institution la plus respectée du pays ». Beaucoup plus que les services de sécurité ou la police — elle « passe pour la moins corrompue », avec en outre un rôle social ou psychologique original : « Dans l’imaginaire des Egyptiens, elle incarne à la fois l’institution qui ressemble le plus à un Etat légal et rationnel, et au fonctionnement d’une famille [1]. »

Clivages au sein de l’armée. Forte de 450 000 hommes (711 000 avec les réserves) [2], l’armée égyptienne est un immense réservoir humain, qui peut être mobilisé en cas péril national ou aux frontières ; c’est aussi une force militaire relativement moderne — une des seules du continent africain à disposer d’une panoplie interarmes complète et d’une capacité d’intervention sur toute la gamme des moyens.

Mais elle ne constitue pas un ensemble homogène, sur le plan technique comme sur celui des sensibilités politiques. Ainsi, l’armée de l’air est réputée plutôt proche des services de renseignement, et de la « ligne Moubarak » incarnée aujourd’hui par le général Souleimane, qui a maintenu la paix avec Israël au prix de nombreuses concessions. La marine, et surtout les blindés, sont en retrait, notamment depuis les défaites militaires face à Israël. L’infanterie et l’artillerie, qui comptent de loin les plus gros bataillons, sont plus proches de la population, se reconnaissent dans une « ligne arabe » qui est celle de la rue et de l’opinion publique, et se montrent plus volontiers critiques sur la gestion de la guerre à Gaza ou de la crise israélo-palestinienne par le président Moubarak (qui était mise en œuvre par l’actuel vice-président).

Bien que plutôt laïque et républicaine au sommet, à l’exemple de l’armée turque, l’armée est à l’image de la société, et donc aussi travaillée par les milieux islamistes radicaux — dont les frères musulmans — au niveau de la troupe surtout, mais aussi aux échelons inférieurs d’officiers. Des dissensions pourraient surgir en son sein, surtout si la rue ne se satisfait pas des « arrangements » successifs forgés par les principaux détenteurs du pouvoir.

Pouvoir parallèle. Le Conseil suprême des forces armées égyptiennes, qui ne cessait de siéger depuis jeudi, est présidé par le ministre de la défense Hussein Tantaoui (en poste depuis 1992). Il comprend les principaux chefs de corps, tous nommés par Hosni Moubarak, et pour la plupart associés à la répression contre l’opposition et à la corruption qui rongeait le régime, mais sans doute soucieux de ne pas être emportés par la vague de contestation actuelle — comme vient de l’être le Raïs.

Ces derniers jours, ce conseil faisait déjà figure d’« organe de contrôle », si ce n’est de « pouvoir parallèle » auprès du vice-président Souleimane (qui n’a pas participé à ses réunions). Cet organe quasi-secret s’est efforcé de louvoyer pour préserver l’unité du pays, et celle de l’armée.

Ce vendredi 11 février, avant la prière de la mi-journée, il avait fait lire à la télévision un « communiqué au peuple » dans lequel il affirmait se porter garant des réformes promises par le président la veille au soir, notamment des élections libres, appelait à un retour à la vie normale, et mettait en garde contre toute atteinte à la sécurité de la nation. Jeudi après-midi, son « communiqué numéro 1 » avait annoncé — après dix-sept jours de contestation mais quelques heures avant le dernier discours du président Hosni Moubarak — l’examen par les chefs des armées des « mesures nécessaires pour protéger les acquis du pays et appuyer les demandes légitimes du peuple ». Les dés, alors, étaient sans doute déjà jetés...

Scénarios de crise. L’armée s’était tenue jusque-là en réserve, n’intervenant pas pour empêcher les manifestations au centre de la capitale. Quelques scènes de fraternisation avaient même eu lieu, au niveau de la troupe. La police paraissant largement disqualifiée, les forces armées savaient qu’elles seraient en première ligne en cas d’adoption d’une ligne répressive, pour en finir par exemple avec les manifestations de la place Tahrir, ou pour tenter d’étouffer la contestation sociale dans les entreprises en province. Si l’armée s’en tenait au contraire à une attitude plus attentiste, pour gagner du temps, elle prenait le risque d’un pourrissement, mais peut-être aussi d’une radicalisation du mouvement de protestation, qui exigerait la tête du vice-président, puis de celle des chefs militaires. La démission forcée et ultra-rapide du président Moubarak lui donne un répit.

La personnalité du général Omar Souleimane, à qui Moubarak avait promis jeudi soir de transmettre toutes ses prérogatives, pourrait relancer la contestation. Vice-président désigné par le Raïs il y a seulement quelques jours, cet officier incarne la « part d’ombre » de l’ancien (ou toujours actuel) régime : il chapeautait les services de renseignement égyptiens depuis une vingtaine d’années. Mais il est peu populaire, trop bien connu de ses concitoyens à l’intérieur (il a contribué à mater les Frères musulmans), et plus apprécié à Washington ou à Jérusalem, en tant que gestionnaire d’une paix qui fait peu de cas de la cause palestinienne. Un des enjeux de l’après-Moubarak sera d’ailleurs justement de savoir si la nouvelle Egypte respectera les accords de Camp David.

Le jeu des Américains. Dès jeudi après-midi, le patron de la CIA, à Washington, donnait par anticipation le numéro un égyptien partant ! De son côté, le président Barack Obama n’avait cessé ces dernières semaines d’exiger publiquement des concessions de la part de son allié Moubarak, puis de le prier de s’effacer… pour la « bonne cause ». Il s’activait en coulisses ou non, depuis plus d’une semaine, incitant l’armée à gérer de son mieux la transition, pour éviter une explosion ou une révolution politique susceptible avec des effets stratégiques éventuellement négatifs pour Washington ou Jérusalem.

Avant même que Moubarak ne s’adresse à l’opinion, mais croyant comme son entourage que le Raïs allait passer la main et céder notamment aux pressions américaines, le numéro un américain avait rendu hommage jeudi soir au« peuple d’Egypte », puis regretté, un peu plus tard, « l’occasion que le gouvernement égyptien n’a pas su saisir ». Ce cafouillage ne pouvait cacher que Washington avait déjà « lâché » sans plus de procès son allié de toujours. A trois reprises, jeudi soir, le Raïs avait martelé qu’il n’agissait pas sous la contrainte ou les pressions étrangères...

Les Etats-Unis exercent un contrôle de fait sur l’armée égyptienne, au moins sur le plan technique : Washington lui attribue chaque année une aide équivalant à l’ensemble de son budget d’équipement (1,2 milliard de dollars), notamment en remerciement des « services rendus » à la frontière avec Israël. Les forces égyptiennes, qui mettent au rebus leur ancien armement soviétique, s’équipent de plus en plus aux Etats-Unis. La plupart des officiers supérieurs égyptiens y ont été formés, et sont en rapport avec leurs homologues américains, notamment le chef d’état-major, le général Sami Anan.

L’œil sur le Canal. Personne n’oublie, pas plus au Caire qu’ailleurs dans le monde, que le sort de l’Egypte conditionne également le passage dans le Canal de Suez (qui avait été fermé entre 1967 et 1975, à la suite de la guerre des Six jours, le contournement du continent africain imposant un doublement des frais et délais de transport). 34 000 navires — dont les bâtiments des flottes de guerre américaine et européennes — empruntent chaque année le canal, dont 2700 pétroliers. L’ouvrage est protégé par une unité spéciale de l’armée. Doublé par un oléoduc Suez-Méditerranée, il rapporte 3,6 milliards d’euros de royalties chaque année : c’est la troisième source de revenus du pays, après le tourisme et les transferts financiers. On comprend que le développement des conflits sociaux à Suez et Port-Saïd aient été observés avec attention et crainte. Comme le sera le régime post-Moubarak...

Notes

[1] Cité par Jean Guisnel, sur lepoint.fr : « Armée égyptienne : l’Etat, c’est elle ».

[2] A quoi s’ajoutent près de 400 000 paramilitaires (garde-frontière, garde nationale, police