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Lieu : Avignon, Vaucluse, France

jeudi 31 juillet 2008


A Bamako, on rêve d'une maison pour les expulsés venus de France
LE MONDE 30.07.08
BAMAKO ENVOYÉ SPÉCIAL
Le bruit court, parmi les Maliens sans papiers de France, qu'il existe désormais à Bamako une "maison des expulsés", susceptible d'amortir le choc si d'aventure ils devaient se retrouver dans un vol Air France, entravés et entourés de quatre policiers. Pourtant, sur place, on peut la chercher longtemps. Car cette maison n'est que le rêve d'une association qui ne dispose, pour l'instant, que de deux petites pièces au premier étage d'un bâtiment, en face des marchands de fruits et de charbon du marché de Fadjiguila.
Dans la première pièce, ce matin, un bénévole suisse de l'Association malienne des expulsés (AME) recueille le témoignage de Babacar, blessé et expulsé la veille. Il est arrivé en France à l'âge de 10 ans, en a passé seize sur place. Il avait un appartement, un emploi, mais plus de papiers. Babacar a été arrêté un jour qu'il venait d'acheter une trottinette pour son fils.
Au centre de rétention de Roissy, il épuise tous les recours. Le dernier consiste à faire parvenir 600 euros au consul du Mali pour qu'il ne délivre pas le fameux laissez-passer dont les Français ont besoin pour procéder à l'expulsion. Malgré cela, on vient le chercher pour le conduire dans l'avion. Il exige de voir le laissez-passer, les policiers s'énervent, le frappent et l'insultent. Une hôtesse de l'air filme la scène avec son téléphone portable. L'expulsion est remise à plus tard.
Babacar pleure en racontant la suite. "Ils m'ont dit "merci de nous permettre de rentrer plus tôt chez nous, on pourra baiser notre femme. Toi, c'est la douleur qui va te baiser"." L'hôpital constatera une entorse à la cheville et une autre au poignet. Il dépose plainte mais sera mis dans l'avion cinq jours plus tard, menotté, bâillonné, les jambes attachées avec de l'adhésif.
Babacar a parlé plus d'une heure. Clément, le bénévole, et Inna Touré, la secrétaire, sont ébranlés, même si l'histoire se répète presque chaque jour. En 2007, l'AME a recensé 576 expulsions de France. Avant de transcrire ce témoignage dans l'unique ordinateur que possède l'association, Inna Touré va proposer à Babacar une carte de membre de l'association, qui en compte plus de 200, lui expliquer comment récupérer l'argent laissé sur son compte bancaire en France et tenter d'encadrer son arrivée brutale à Bamako. "Les expulsés ne sont pas forcément bienvenus dans leur famille, qu'ils faisaient vivre de l'étranger, explique Clément. Et ils ne sont plus adaptés aux conditions de survie économique de Bamako, sans parler de celles du reste du pays. Ils perdent toute valeur à leurs propres yeux. Les dépressions sont fréquentes."
Assis dans la minuscule pièce d'à côté, qui sert aussi de chambre de passage pour les expulsés les premières nuits, Ousmane Diarra, le président de l'AME, se souvient de la création de l'association en octobre 1996. "L'AME est un bébé qui a vu le jour dans le feu, dit-il. Il y avait tant d'expulsés à Bamako. Et nous étions là comme des déchets. En France, c'était l'époque des charters et de l'église Saint-Bernard. Le même mois, 2 000 Maliens ont été expulsés d'Angola, dont moi." Une des premières actions significatives de l'AME fut d'organiser, en 1997, une marche de soutien dans Bamako pour faire libérer 77 Maliens expulsés de France par le "36e charter Debré" et emprisonnés par le gouvernement malien de l'époque.
Après ce premier succès (les expulsés ont été libérés deux semaines plus tard), l'association sombre lentement dans la léthargie, faute de moyens. Elle ne peut même plus payer le transport pour aller attendre chaque soir à l'aéroport : il faut parfois plusieurs taxis pour coller aux horaires d'Air France, de Royal Air Maroc et d'Air Sénégal. Surtout, elle n'a rien à leur proposer. C'est la tenue du Forum social à Bamako, en janvier 2006, qui va la remettre d'aplomb grâce au soutien d'ONG "du Nord" comme la Cimade, le Réseau éducations sans frontières, Droits devant !!, No vox ou Migreurop.
Or, à mesure que l'AME s'organise (quelques permanents, un véhicule), la tâche devient plus lourde. Elle doit se concentrer sur les cas les plus dramatiques. "On craint une vague d'expulsions massives de France si le Mali cède et signe l'accord sur la gestion concertée des flux migratoires", s'inquiète Ousmane Diarra. Le 17 juin, peu après cet entretien, l'association a manifesté devant l'Assemblée nationale pendant que le gouvernement négociait avec Patrick Stefanini, adjoint de Brice Hortefeux, au "ministère des expulsions", comme on dit à Bamako. Quelque 200 policiers ont chargé les manifestants : plusieurs membres de l'AME ont été blessés ou arrêtés.
"Tout serait tellement plus simple si la France régularisait d'un côté les sans-papiers et investissait vraiment de l'autre, pour créer des emplois au Mali", soupire Ousmane Diarra. Tant que ce n'est pas le cas, il se refuse à "jouer au gendarme" : "A ceux qui veulent recommencer, on peut leur dire que le désert tue, et que la mer tue aussi. Mais comment leur dire de ne pas partir ; vous avez vu les conditions de vie ici ?"
Serge Michel

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lundi 28 juillet 2008


Projet de loi logement : une régression

Dieu que cette femme a changé depuis qu'elle est devenue ministre, après s'être finalement calmée dans son combat contre les faux semblants de la majorité à laquelle elle appartient, au cours des débats sur la dernière loi,

communiqué de presse

Les associations unies ont pris connaissance de l’avant-projet de loi sur le logement. Ce projet, malgré certaines mesures positives, manque singulièrement d’ambition et ne permettra en aucun cas de mettre fin à la crise du logement. Il ne reprend ni les engagements du Premier Ministre contenus dans sa circulaire du 22 février 2008, ni les orientations des deux rapports Pinte. Les engagements financiers ne seront pas à la hauteur des besoins, on le sait aujourd’hui, avec l’annonce de la baisse du budget logement pour les trois années à venir. Pour le dixième anniversaire de la loi d’orientation relative à la lutte contre les exclusions, non seulement ce projet ne marque pas une avancée dans les droits conférés aux personnes en matière de logement, mais il apparaît comme un recul par rapport aux droits acquis par les lois de 1990, 1998, 2000 et la loi DALO de 2007 qui pourtant désignait l’Etat comme « garant du droit au logement ».
Ces régressions sont visibles notamment dans les mesures qui concourent à l’accélération de l’expulsion, au développement d’un sous-logement pour les plus pauvres ainsi qu’à l’affaiblissement de l’obligation de construction de logements locatifs sociaux par les communes.Ainsi, le texte accélère l’expulsion en prévoyant la réduction de deux tiers de la durée de la suspension d’expulsion que le juge peut accorder si l’occupant n’a pas de solution de relogement. Cela va accroître le nombre des expulsions effectives.Le projet développe une forme de « sous-droit au logement » en permettant la sous-location par les organismes HLM de logements privés aux personnes relevant du droit au logement opposable (DALO). La sous-location doit rester une solution transitoire. Or cet article ne prévoit pas l’obligation de relogement par les HLM dans le cadre du droit commun du logement. Enfin l’article 15 affaiblit l’obligation faite aux communes par l’article 55 de la loi SRU de construire des logements locatifs sociaux. Il leur permet en effet de comptabiliser dans le nombre de logements qui doivent être obligatoirement construits non seulement les logements locatifs sociaux, mais aussi les logements d’accession sociale à la propriété. Or les ménages les plus modestes ne sont pas en mesure d’accéder à la propriété. Ce qu’il manque d’abord aujourd’hui, ce sont des logements sociaux à financement PLAI, les seuls accessibles aux ménages les plus modestes.
Le Collectif des associations unies demande la révision en profondeur de ce projet de loi. Il appelle à l’élaboration d’un nouveau projet tenant compte des apports du Comité de suivi du DALO, des conclusions de la conférence de consensus, des 2 rapports d’Etienne Pinte, du travail de l’équipe du Préfet Alain Régnier, et de son document de janvier 2008 : 13 engagements pour une nouvelle politique publique du logement des personnes sans abri et mal logées.

Liste des associations signataires- Advocacy France- Association des Cités du Secours Catholique- Association Emmaüs- ATD Quart Monde- Le collectif Les Morts de la rue- Fédération d’aide à la santé mentale Croix Marine- Croix Rouge Française- Emmaüs France- Les enfants de Don Quichotte- Fédération de l’entraide protestante- Fédération des associations pour la promotion et l’insertion par le logement (FAPIL)- Fédération nationale des associations d’accueil et de réinsertion sociale (Fnars)- Fédération nationale des associations solidaires d’action avec les Tsiganes et les gens du voyage (FNASAT – Gens du voyage)- Fédération nationale des centres Pact Arim- Fédération Nationale habitat et développement- Fondation Abbé Pierre- France Terre d’Asile- Habitat et humanisme- Les petits frères des Pauvres- Les Restaurants du Cœur- Ligue des Droits de l’Homme- Secours Catholique- Union nationale des amis et des familles de malades psychiques (Unafam)- Union nationale interfédérale des œuvres et des organismes privés sanitaires et sociaux (UNIOPSS)- Union nationale pour l’habitat des jeunes (UNHAJ

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mardi 22 juillet 2008

rapports sociaux
extrait du billet de Jean-Luc Mélenchon http://www.jean-luc-melenchon.fr/?p=609 sur le titre 2 de la loi sur le temps de travail (ainsi que le congrès dont il ne s'agit pas ici)

"entre le faible et le fort, le riche et le pauvre, c’est la liberté qui opprime et la loi qui protège», selon la formule indépassable de Lacordaire. L’ordre public social républicain repose sur une hiérarchie des normes: primo la loi, secundo la convention collective, qui peut-être meilleur que la loi, et tertio l’accord d’entreprise, qui peut-être meilleur que la convention collective. Il n’est pas possible de procéder dans l’autre sens parce qu’on part de l’idée qu’il existe un intérêt général. C’est tellement vrai que les Français, par exemple, font aussi de leur ministre du travail le ministre de la santé au travail car ils considèrent qu’il porte l’intérêt général de la société, ce qui suppose que la société défende un intérêt propre, différent de l’intérêt d’une entreprise en particulier, et même de la décision individuelle du travailleur. Cet intérêt général ne se limite pas seulement au bon fonctionnement de l’entreprise. L’investissement réalisé par la société dans la formation du travailleur, dans l’autorisation d’implanter l’entreprise, dans les moyens mis à sa disposition, tout ceci procède de l’intérêt général et donne des droits à la société sur l’entreprise en particulier. Partir de l’intérêt général, telle est la construction philosophique de cette conception républicaine et c’est cette logique que nous sommes en train de renverser! Il y a peut-être là matière à un débat, mais il faut l’assumer. Sinon, on ne comprend pas de quoi l’on parle et nos concitoyens sont frustrés de la noblesse du débat politique qui consiste à confronter des vues différentes. Peut-être sera-t-il avéré, à long terme, que les uns ont raison et les autres torts _ j’ai la faiblesse de penser que nous aurons raison sur le long terme. Mais ne fuyons pas ce vrai débat, ne jouons pas la partie absurde que nous voyons jouer dans certains pays anglo-saxons et qui a des répercussions en France, cette fameuse «triangulation» qui consiste à s’attribuer les mots de la partie adverse pour les subvertir, si bien qu’à la fin plus personne ne sait quels sont les points de vue en présence de quoi l’on parle plus. Voilà l’objet du débat: dorénavant, un droit particulier s’inscrira à la place de la loi qui fixe _ on comprend que certains y soient hostiles _ pour tout le monde et de la même manière _ ce dont nous sommes partisans _ les mêmes droits pour tous _ étant entendu que la loi fonde sa légitimité dans le fait que, décidée par tous, elle s’applique à tous. Ce droit particulier résultera de la négociation de gré à gré: certains pensent qu’elle est meilleure, d’essence supérieure et plus souple que la loi votée par tous et pour tous _ nous pensons le contraire. Nous le pensons car les questions qui vont être traités de gré à gré entre l’employeur et l’employé ne sont pas des questions particulières, elles relèvent de l’intérêt général....

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dimanche 20 juillet 2008


evolution de l'emploi salarié selon l'INSEE (à mai 2008)
il ne semble pas qu'il y ait de quoi pavoiser, malheureusement.

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samedi 19 juillet 2008


Révision constitutionnelle
< http://www.humanite.fr/L-avenir-incertain-de-la-revision-constitutionnelle > merci à l'ami Gilbert
Le projet de réforme décrypté
À L’ARTICLE 1er DE LA CONSTITUTION (souveraineté)
Est ajouté : « La loi favorise l’égal accès des femmes et des hommes aux mandats électoraux et fonctions électives, ainsi qu’aux responsabilités professionnelles et sociales. »
« La loi garantit les expressions pluralistes des opinions et la participation équitable des partis et groupements politiques à la vie démocratique de la nation. »
Notre commentaire.
L’introduction de la parité professionnelle est une vraie avancée, mais elle ne doit rien au gouvernement. Cette disposition, qui ne figurait pas dans le projet de loi, a été introduite par un amendement voté par la gauche et une part de la droite, contre l’avis de la garde des Sceaux, Rachida Dati. La seconde phrase complète simplement l’article 4 sur le rôle des partis, en actant la notion de « pluralisme », à l’initiative des centristes et de la commission des Lois
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À L’ARTICLE 6 (mandat du chef de l’État) :
Le président de la République « ne peut exercer plus de deux mandats consécutifs ».
À L’ARTICLE 11 (référendum) :
Le président peut soumettre au référendum toutes réformes relatives à la politique « environnementale ».
Un référendum peut être « organisé à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement, soutenue par un dixième des électeurs inscrits sur les listes électorales ». Une loi détermine « les conditions de sa présentation ». « Si la proposition de loi n’a pas été examinée par les deux assemblées dans un délai fixé par la loi organique, le président de la République la soumet au référendum. »
Notre commentaire.
C’est le fameux référendum d’ « initiative populaire », bien mal nommé, puisqu’il est en fait « organisé à l’initiative d’un cinquième des membres du Parlement ». Même « soutenue par un dixième des électeurs » (soit plus de quatre millions), la proposition de loi devra d’abord être soumise au Parlement, qui pourra la rejeter, et l’épisode sera clos. C’est seulement au cas où le Parlement « oublierait » de s’en saisir que le référendum aurait lieu, c’est-àdire une possibilité quasi nulle.
À L’ARTICLE 13 (pouvoir de nomination du chef de l’État) :
« Le pouvoir de nomination du président de la République » pour certains emplois ou fonctions « s’exerce après avis public de la commission permanente compétente » de chaque assemblée.
« Le président de la République ne peut procéder à une nomination lorsque l’addition des votes négatifs dans chaque commission représente au moins trois cinquièmes des suffrages exprimés au sein des deux commissions. »
À L’ARTICLE 16 (pouvoirs exceptionnels) :
« Après trente jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels, le Conseil constitutionnel peut être saisi par le président de l’Assemblée nationale, le président du Sénat, soixante députés ou soixante sénateurs, aux fins d’examiner si les conditions » demeurent réunies. « Il se prononce dans les délais les plus brefs par un avis public. » Il « se prononce dans les mêmes conditions au terme de soixante jours d’exercice des pouvoirs exceptionnels et à tout moment au-delà de cette durée ».
À L’ARTICLE 17 (droit de grâce) :
Le président de la République a le droit de faire grâce « à titre individuel ».
Notre commentaire.
Outre le fait de ne pouvoir faire « plus de deux mandats consécutifs » (art. 6 ; aucun président n’a été dans ce cas de figure), le président de la République est soumis au « contrôle » par le Parlement de ses nominations. Un « veto » virtuel, puisqu’il faut le vote des trois cinquièmes des commissions, impossible sans l’aval de la majorité en place, toute dévouée au chef de l’État. Les « pouvoirs exceptionnels » demeurent en place, sans aucun contrôle durant deux mois.
À L’ARTICLE 18 (message du chef de l’État au Parlement) :
Le président de la République « peut prendre la parole devant le Parlement réuni à cet effet en congrès. Sa déclaration peut donner lieu, hors sa présence, à un débat qui ne fait l’objet d’aucun vote ».
Notre commentaire.
C’est le véritable motif de la réforme. Il entérine la volonté du président de venir s’exprimer au Parlement, au mépris du principe démocratique de séparation des pouvoirs. Dans les faits, le chef de l’État se substitue ainsi au premier ministre pour les déclarations de politique générale, mais, alors que celui-ci était responsable devant le Parlement, qui vote sur sa déclaration, le chef de l’État demeure intouchable (interdiction de lui répondre et de voter), alors qu’il conserve le pouvoir de dissolution de l’Assemblée (art. 12).
À L’ARTICLE 24 (composition du Parlement) :
Le Parlement « contrôle l’action du gouvernement. Il évalue les politiques publiques ». Le nombre des députés « ne peut excéder 577 ». Le Sénat « ne peut excéder 348 » membres, élus « au suffrage indirect ». Il « assure la représentation des collectivités territoriales de la République ». « Les Français établis hors de France sont représentés à l’Assemblée nationale et au Sénat. »
Notre commentaire.
Derrière cet article se cache le refus du Sénat de réformer son mode de scrutin, qui garantit une majorité inamovible à la droite grâce à une répartition des grands électeurs particulièrement injuste. Les sénateurs ont fait retirer du projet la seule mention qui ouvrait la voie à un scrutin plus équitable (« le Sénat représente les collectivités en tenant compte de leur population »). Des sièges spécifiques de députés seront créés (douze) pour les Français de l’étranger, corps électoral traditionnellement favorable à la droite, au détriment des circonscriptions traditionnelles, le nombre de députés étant limité à 577
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À L’ARTICLE 25 (éligibilité des parlementaires) :
La loi prévoit le « remplacement temporaire » des députés et sénateurs ayant accepté des « fonctions gouvernementales ».
Une « commission indépendante » se prononce sur les projets de redécoupage des « circonscriptions pour l’élection des députés ou modifiant la répartition des sièges de députés ou de sénateurs ».
À L’ARTICLE 34 (rôle de la loi) :
La loi fixe les règles concernant « le pluralisme et l’indépendance des médias ».
Les orientations pluriannuelles des finances publiques « s’inscrivent dans l’objectif d’équilibre des comptes des administrations publiques ».
ARTICLE34-1 (nouveau) :
Les assemblées « peuvent voter des résolutions ».
Notre commentaire. Le droit de voter des « résolutions » (art. 34-1) est cosmétique, puisqu’elles n’ont aucune valeur contraignante.
L’équilibre des comptes publics, qui relève des choix politiques décidés par les gouvernements, est en revanche constitutionnalisé (art. 34), à la manière du pacte d’austérité budgétaire dans les traités européens. Enfin, le gouvernement et l’UMP n’ont pas attendu la « commission indépendante » promise pour le redécoupage des circonscriptions, déjà en chantier (art. 25).
À L’ARTICLE 35 (déclaration de guerre) :
Le gouvernement « informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger » dans les « trois jours après le début de l’intervention ». « Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote. Lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement. »
Notre commentaire.
Les interventions armées à étranger ne seront pas votées par le Parlement, mais seulement leur prolongation au bout de quatre mois, et rien au-delà. Cela permet de contourner la disposition, toujours en vigueur, qui dit que « la déclaration de guerre est autorisée par le Parlement ».

À L’ARTICLE 38 (ordonnances) :
Les ordonnances prises par le gouvernement « ne peuvent être ratifiées que de manière expresse ».
À L’ARTICLE 39 (examen des lois) :
Le président de l’assemblée saisie d’un texte ou le premier ministre « peut saisir le Conseil constitutionnel » en cas de désaccord sur la régularité de l’inscription d’un texte à l’ordre du jour. « Le président d’une assemblée peut soumettre pour avis au Conseil d’État » une proposition de loi « déposée par l’un des membres de cette assemblée, sauf si ce dernier s’y oppose ».
À L’ARTICLE 41 (recevabilité des lois) :
« Le président de l’assemblée saisie » peut opposer l’irrecevabilité à un amendement ou une proposition de loi.
À L’ARTICLE 42 (discussion des lois) :
En première lecture, « la discussion des projets et des propositions de loi porte, en séance, sur le texte adopté par la commission » sauf révisions constitutionnelles, lois de finances et de financement de la Sécurité sociale.
« La discussion en séance, en première lecture, d’un projet ou d’une proposition de loi ne peut intervenir, devant la première assemblée saisie, qu’à l’expiration d’un délai de six semaines. »
Elle ne peut intervenir « devant la seconde assemblée saisie qu’à l’expiration d’un délai de quatre semaines à compter de sa transmission », sauf « procédure accélérée » (voir article 45).
À L’ARTICLE 43 (commissions parlementaires) :
Le nombre des commissions permanentes « est limité à huit dans chaque assemblée » au lieu de six.
À L’ARTICLE 44 (droit d’amendement) :
« Ce droit s’exerce en séance ou en commission selon les conditions fixées par les règlements des assemblées, dans le cadre déterminé par une loi organique. »
Notre commentaire.
Les « nouveaux droits » du Parlement sont un leurre, puisqu’il s’agit pour l’essentiel de nouveaux droits pour la majorité du Parlement. La plus significative est la limitation du droit d’amendement (art. 44), seul pouvoir réel des parlementaires pour avoir prise sur les textes et, le cas échéant, s’y opposer. Celui-ci sera désormais borné par le règlement et la loi, pour éviter les cas d’ « obstruction » de l’opposition. Dans les faits, cela se traduira par une « durée programmée d’examen des textes », conçue comme « une mesure d’accompagnement du resserrement de l’article 49-3 », en d’autres termes : l’instauration d’un véritable 49-3 d’origine parlementaire qui permettra au président d’une assemblée de couper court au débat si un texte rencontre une trop forte opposition. Cette atteinte aux droits des élus est indissociable de la discussion en séance de textes déjà amendés par les commissions (art. 42). Le projet de loi confirme ainsi que « le travail en commission sera, dans cette hypothèse, soumis à une
simple ratification par l’assemblée plénière ».
À L’ARTICLE 45 (procédure accélérée) :
Tout amendement est recevable en première lecture « dès lors qu’il présente un lien, même indirect, avec le texte déposé ou transmis ».
La déclaration d’urgence, rebaptisée « procédure accélérée », est engagée par le gouvernement « sans que les conférences des présidents s’y soient conjointement opposées ».
À L’ARTICLE 46 (lois organiques) :
Elles ne peuvent être examinées et votées « qu’à l’expiration des délais fixés » à l’article 42.
ARTICLE47-2 (nouveau) :
« La Cour des comptes assiste le Parlement dans le contrôle de l’action du gouvernement », ainsi que « dans l’évaluation des politiques publiques ».
À L’ARTICLE 48 (ordre du jour du Parlement) :
« L’ordre du jour est fixé par chaque assemblée. Deux semaines de séance sur quatre sont réservées par priorité » aux textes du gouvernement. En outre, « l’examen des projets de loi de finances, des projets de loi de financement de la Sécurité sociale » ont « priorité ». « Un jour de séance par mois est réservé à un ordre du jour des groupes d’opposition » et « des groupes minoritaires ».
Notre commentaire.
L’ordre du jour partagé le sera en fait entre le gouvernement et sa majorité (deux semaines sur quatre chacun, sans compter les lois de finances ayant « priorité »). Les différents groupes d’opposition devront se contenter à eux tous de moins d’un jour par mois, puisqu’il devra être partagé aussi avec les « groupes minoritaires » de la majorité comme le Nouveau Centre.À
L’ARTICLE 49-3 (engagement de responsabilité du gouvernement) :
Elle peut être engagée sur le vote d’un « projet de loi de finances ou de financement de la Sécurité sociale ». « Le premier ministre peut, en outre, recourir à cette procédure pour un autre projet ou une proposition de loi par session. »
Notre commentaire.
La « restriction » annoncée du 49-3 (adoption d’une loi sans vote par décision du gouvernement) n’aura pas lieu. L’article ne fait qu’entériner la situation actuelle, le gouvernement n’employant jamais le 49-3 trois fois par session. De plus, avec l’instauration d’un 49-3 d’origine parlementaire qui limite le droit d’amendement (voir le commentaire précédent), le gouvernement n’aura plus besoin d’y recourir quand l’opposition retarde les débats, comme sur le CPE.
ARTICLE50-1 (nouveau) :
« Devant l’une ou l’autre des assemblées », le gouvernement peut « faire, sur un sujet déterminé, une déclaration qui donne lieu à débat et peut, s’il le décide, faire l’objet d’un vote sans engager sa responsabilité ».
ARTICLES51-1 ET 51-2 (nouveaux) :
Le règlement de chaque assemblée « reconnaît des droits spécifiques aux groupes d’opposition de l’assemblée intéressée ainsi qu’aux groupes minoritaires ».
Pour l’exercice des missions de contrôle et d’évaluation, « des commissions d’enquête peuvent être créées au sein de chaque assemblée ».
Notre commentaire.
Ces articles servent d’appât à la droite pour espérer débaucher des élus de gauche au Congrès. Les propositions de Sarkozy dans le Monde s’inscrivent dans ce cadre. Mais n’étant pas du domaine de la Constitution, elles sont renvoyées aux règlements des assemblées, qui restent à réécrire. Le chef de l’État demande donc un chèque en blanc aux parlementaires, d’autant qu’il ne lui appartient pas de décider du règlement des assemblées, qu’elles seules déterminent. Rien ne garantit que les propositions, qu’il conditionne à l’adoption de la réforme, seront appliquées
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À L’ARTICLE 56 (Conseil constitutionnel) :
Le contrôle des nominations est applicable à celles effectuées au Conseil constitutionnel.
À L’ARTICLE 61 (idem) :
« Les propositions de loi » pouvant faire l’objet du droit d’initiative référendaire prévu à l’article 11 sont soumises au Conseil constitutionnel « avant qu’elles ne soient soumises au référendum ».
ARTICLE61-1 (nouveau) :
Dans le cadre d’une procédure judiciaire, le Conseil constitutionnel peut être saisi lorsqu’ « il est soutenu qu’une disposition législative porte atteinte aux droits et libertés que la Constitution garantit ».
À L’ARTICLE 62 (inconstitutionnalité) :
« Une disposition déclarée inconstitutionnelle sur le fondement de l’article 61-1 est abrogée. »
« Le Conseil constitutionnel détermine les conditions et limites dans lesquelles les effets que la disposition a produits sont susceptibles d’être remis en cause. »
Notre commentaire.
L’article 61-1 permet aux citoyens de saisir, dans le cadre d’une procédure judiciaire, le Conseil constitutionnel pour contester une loi qui porterait atteinte aux droits et libertés. En vigueur dans d’autres pays européens, cette mesure n’a pas fait la preuve de son efficacité. Primo, il y a peu de chances pour que le Conseil constitutionnel, dont les membres sont nommés par les cercles du pouvoir, se déjuge sur une loi déjà votée, ou contredise le gouvernement. Secundo, le Conseil constitutionnel peut décider de ne pas remettre en cause les effets d’une loi jugée par lui inconstitutionnelle (art. 62).

À L’ARTICLE 65 (CSM) :
«
La formation compétente » du Conseil supérieur de la magistrature à l’égard des magistrats du siège « est présidée par le premier président de la Cour de cassation ». Elle comprend « cinq magistrats du siège et un magistrat du parquet, un conseiller d’État désigné par le Conseil d’État, un avocat ainsi que six personnalités qualifiées qui n’appartiennent ni au Parlement, ni à l’ordre judiciaire, ni à l’ordre administratif. Le président de la République, le président de l’Assemblée nationale et le président du Sénat désignent chacun deux personnalités qualifiées ».
« La formation compétente à l’égard des magistrats du parquet est présidée par le procureur général près la Cour de cassation. Elle comprend, en outre, cinq magistrats du parquet et un magistrat du siège, ainsi que le conseiller d’État, l’avocat et les six personnalités qualifiées mentionnés. »
« Le Conseil supérieur de la magistrature se réunit en formation plénière pour répondre aux demandes d’avis » du président de la République.
« Le Conseil supérieur de la magistrature peut être saisi par un justiciable dans les conditions fixées par une loi organique. »
Notre commentaire.
Les syndicats de magistrats et le CSM luimême contestent vigoureusement cette réforme, estimant qu’elle met en péril l’indépendance de la justice. Les personnalités extérieures nommées par le pouvoir politique y seront désormais majoritaires, au détriment des magistrats. Le Syndicat de la magistrature (SM) estime que cela revient à politiser l’institution, en la soumettant au « fait majoritaire », menaçant ainsi « l’équilibre démocratique ».

À L’ARTICLE 69 (CES) :
Le « Conseil économique et social » est renommé « Conseil économique, social et environnemental ». Il peut être « saisi par voie de pétition dans les conditions fixées par une loi organique ». Il fait connaître « les suites qu’il propose d’y donner. »
À L’ARTICLE 70 (idem) :
Le CES peut être consulté par le gouvernement et « le Parlement ». Le gouvernement peut « également le consulter » sur les « orientations pluriannuelles des finances publiques ».
À L’ARTICLE 71 (idem) :
Le nombre de membres du CES « ne peut excéder 233 ».
ARTICLE71-1 (nouveau) :
Un « défenseur des droits » est créé. Il peut être saisi par « toute personne s’estimant lésée par le fonctionnement d’un service public », d’une administration de l’État, d’une collectivité territoriale, d’un établissement public, ainsi que par « tout organisme investi d’une mission de service public ». Le défenseur des droits « est nommé par le président de la République pour un mandat de six ans non renouvelable ».
Notre commentaire.
Le défenseur des droits reprendra, pour l’instant, la mission du médiateur de la République, mais sa saisie en direct n’est pas sans faire craindre un engorgement de la procédure. Le gouvernement réfléchit à réunir sous l’autorité de ce défenseur la Commission nationale de déontologie de la sécurité, le contrôleur général des prisons, voire la CNIL, la HALDE et la défenseure des enfants. Il est illusoire d’espérer que cette nouvelle agence « indépendante » disposera de moyens équivalents à ceux cumulés des diverses instances actuelles. Sans compter qu’a été mise aux oubliettes l’idée d’un défenseur des droits fondamentaux, qui avait, au moins, l’avantage de reconnaître que même les étrangers ont des droits
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AUX ARTICLES 72-3, 73, 74-1 (outre-mer) :
Diverses adaptations de la Constitution à l’évolution du droit des collectivités d’outremer (nouveaux statuts de Saint-Barthélemy et de Saint-Martin, statut de Clipperton, etc.).
ARTICLE87 (nouveau) :
« De la francophonie » : la République « participe au développement de la solidarité et de la coopération entre les États et les peuples ayant le français en partage ».
À L’ARTICLE 88-4 (Union européenne) :
Le gouvernement soumet au Parlement tous « les projets ou propositions d’actes » de l’UE. Des résolutions européennes peuvent être adoptées sur ces projets « ainsi que sur tout document émanant d’une institution de l’UE ».
Au sein de chaque assemblée parlementaire « est instituée une commission chargée des Affaires européennes. »
À L’ARTICLE 88-5 (adhésions à l’UE) :
Tout traité relatif à l’adhésion d’un État à l’UE (acceptée après le 1er juillet 2004 par le Conseil européen) est « soumis au référendum par le président de la République ». Toutefois, le vote d’une motion adoptée « par chaque assemblée à la majorité des trois cinquièmes » peut autoriser la ratification sans référendum.
NB : la rédaction des articles 88-4 et 88-5 est modifiée « à compter de l’entrée en vigueur du traité de Lisbonne ».
À L’ARTICLE 88-6 (Cour de justice de l’UE) :
Chaque assemblée « peut former un recours devant la Cour de justice de l’UE contre un acte législatif européen pour violation du principe de subsidiarité ». « À la demande de soixante députés ou de soixante sénateurs, le recours est de droit. »
NB : l’entrée en vigueur de cet article est prévue en même temps que celle du traité de Lisbonne.
À L’ARTICLE 89 (révision) :
Les révisions constitutionnelles votées par le Parlement doivent l’être dans le respect des délais fixés à l’article 42.
Notre commentaire.
Le Parlement peut voter des résolutions sur des projets européens (c’était déjà le cas) mais elles n’ont pas de valeur contraignante (art. 88-4). Impossible donc de s’opposer concrètement à des directives nuisibles aux services publics ou aux droits des salariés. Le référendum pour les nouvelles adhésions à l’UE n’est plus obligatoire si les assemblées en décident (art. 88-5), ce qui permettra de ne l’utiliser que pour la Turquie. L’article 88-1 maintient que la France peut participer à l’UE « dans les conditions prévues par le traité de Lisbonne », en dépit du « non » irlandais qui le rend caduc.
Décryptage réalisé par Sébastien Crépel avec Émilie Rive pour l’Humanité du Vendredi 18 Juillet 2008.

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jeudi 10 juillet 2008


CONSEIL NATIONAL DU PARTI SOCIALISTE 2 JUILLET 2008


Discours de Marie-Noëlle Lienemann,
Chers amis, chers camarades,
Il y a une semaine, les commentateurs n’avaient à la bouche qu’une seule formule : le Parti socialiste n’a pas d’idées.Depuis quelques jours, les mêmes, parfois encouragés par certains de nos camarades, proclament sans difficulté : ils pensent tous la même chose.
Nous ne partageons pas ces analyses. Et il faut faire très attention à ces brouillages, à ces confusions. Voilà la première exigence de ce congrès : il est temps de sortir de ces temps de confusion qui nous ont tant affaibli.
Alors, nous le disons tout net : il faut changer. Et la contribution que nous avons présentée avec Jean Mallot, Paul Quilès, Anne Ferreira, Emmanuel Maurel et bien d’autres, se veut absolument claire dans ses choix. D’abord des caps stratégiques, ensuite des propositions innovantes pour porter une transformation radicale, profonde de la société.
Nous pensons qu’il y a urgence à ce que la gauche reprenne l’offensive contre la droite sur le terrain idéologique, et d’abord sur celui des valeurs car nos valeurs ont une grande modernité. Nous ne faisons pas partie de cette gauche qui doute d’elle-même, qui rase les murs, qui choisit le vocabulaire de la droite pour paraître moderne. La modernité n’est pas toujours là où l’on croit. La réalité du monde aujourd’hui, ce sont des crises profondes : financière, immobilière, alimentaire, énergétique. Ce n’est pas qu’une succession de crises, c’est un moment particulier de l’histoire, une crise profonde du capitalisme financier et transnational, une crise profonde de la mondialisation libérale.
Nous sommes en train de connaître une inversion du cycle : c’est le début de la fin de l’ère du tout-libéral, Nous sommes en train de changer de cycle. Et, dans ce moment historique, la gauche et le camp progressiste sont amenés à faire des choix. Soit nous continuons sur la dominante de ce que la gauche européenne a porté, c’est-à-dire un accompagnement du système, soit nous sommes capables de donner du contenu à l’alternative. Si l’alternative ne vient pas de nous, les nationalistes de tous poils, les idéologies fascisantes, les fanatiques religieux auront un boulevard devant eux. Alors nous proposons des points d’appui pour construire cette alternative. La modernité aujourd’hui, c’est de dire : il faut réinventer l’intervention publique, pas la régulation seulement, l’intervention publique. Regardez ce qui se passe autour de nous, les grands États, les grands blocs, que font-ils ? Des fonds souverains, ils ont compris que le cœur du dispositif était à prendre du capital dans les entreprises pour décider. Et nous, la gauche française, héritière de la République, donc partisans du rôle de l’État dans l’économie, et nous la gauche français héritière de Jean Jaurès, des nationalisations de 81, nous aurions honte de dire qu’à ce moment historique le temps est venu de réinventer du capital public, de créer des fonds souverains français, de taxer Total dans ses profits en capital, c’est-à-dire en prenant des actions car cela nous permet d’avoir du poids sur les décisions économiques.
La modernité, c’est de défendre les salaires, le SMIC, c’est de ne pas avoir honte d’assumer le SMIC à 1500 €. Sur toute la planète, du fin fond de la Chine, comme aux États-Unis, que demandent-ils ? Ils demandent des augmentations de salaires ! Parce que le cycle qui doit s’achever, c’est celui où le capital est mieux rémunéré que le travail ! Si nous avons une responsabilité, c’est qu’au moment où cette crise apparaît nous inversions de nouveau la donne et que ce soit enfin le monde du travail qui soit justement valorisé. Ce n’est pas la valeur travail que nous mettons en avant, c’est la valorisation du travail et des travailleurs. Voilà le deuxième point d’appui, les salaires.
La modernité, c’est aussi la réduction du temps de travail. Pourquoi être honteux des 35 heures ? Quand, dans l’histoire de l’humanité, un progrès humain a-t-il été contre performant par rapport au progrès économique ? Jamais.Comme d’habitude, la droite, dans tous les moments de grandes avancées, nous culpabilise en faisant porter sur les 35 heures ou sur autre chose la responsabilité des turpitudes de son système. Il faut donc assumer avec force qu’il n’y aura pas de développement économique en France sans de nouveaux progrès sociaux : réduction du temps de travail, redistribution.
Le troisième point d’appui, c’est aussi la question centrale de l’écologie. Ce qui me paraît central, c’est que si on veut prendre la mesure du changement climatique et de l’enjeu écologique, cela remet profondément en cause le libre échange, cela obligera à relocaliser un certain nombre de nos activités économiques, cela obligera à contester radicalement le principe du libre échange généralisé.
Et de ce point de vue-là il est fondamental de changer, car si l'Union européenne, si les sociaux-démocrates européens restent sur le même rail du tout libre-échange, du tout concurrence, ils sont à rebours de l’histoire et à rebours de leur base sociale. Alors nous devons inventer de nouveaux échanges mondiaux : pas la fermeture des frontières mais des échanges négociés entre grands blocs. Nous devons inventer des nouvelles protections équitables. Ceux qui prétendent que l’instauration de protections sont défavorables au Tiers Monde se trompent. Mais quel avantage pour le tiers monde de se système si inégalitaire ?
Voilà quelques points d’appui pour que la gauche soit à la hauteur de sa tâche historique. Mais, vous le savez bien, un de nos grands enjeux, c’est de reconquérir la victoire, de répondre à l’aspiration des couches populaires qui veulent à la fois une gauche de combat, une gauche proche d’elle, une gauche qui porte l’espoir, mais aussi une gauche capable de prendre le pouvoir pour transformer la société, une gauche qui s’oppose à Sarkozy, mais qui propose. Et c’est là que se pose la question centrale des alliances. Jamais dans notre histoire nous n’avons rénové notre parti et la gauche sans une nouvelle étape de l’unité. Jamais dans notre histoire nous n’avons pu gagner et aller au pouvoir sans une nouvelle étape de l’unité.
Le temps est venu d’abord de clarifier : pas d’alliance au centre ! Deuxièmement, de ne plus se satisfaire de simples alliances électorales de dernière heure avec nos partenaires qui ne portent pas la dynamique unitaire. Le temps est venu d’une nouvelle étape avec un grand parti qui fédère tous les partis de la gauche existants et qui entraîne tous ces milliers d’hommes et de femmes qui attendent un nouveau paysage de la gauche. Et donc le cap stratégique que nous voulons au congrès de Reims, c’est un Parti socialiste engagé pour l’unité de la gauche. Nous n’allons pas devenir, par l’opération du saint esprit, le parti de toute la gauche

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jeudi 3 juillet 2008


Dialogue social ?
Brides de l’intervention d’Alain Vidalies à l’assemblée le 1er juillet (irrecevabilité)
.. »Ceux qui, pendant la campagne présidentielle, n’hésitaient pas à invoquer Blum ou Jaurès se présentent aujourd’hui en adeptes d’Adam Smith ! Alors que face aux dégâts occasionnés par la financiarisation de l’économie, une régulation s’impose plus que jamais, la droite française se complaît dans les vieilles lunes libérales de la déréglementation et de l’individualisation des relations sociales … Seule votre idéologie réactionnaire, voire ringarde, peut expliquer l’aventure que votre projet de loi propose à la France et dont les victimes désignées d’avance seront des millions de salariés
Vous saviez pertinemment que les organisations syndicales étaient divisées sur les critères de la représentativité. Dès que cette division, attendue, s’est manifestée, vous vous êtes délibérément engouffrés dans la brèche en ajoutant au texte des dispositions relatives aux conditions de travail, dont vous saviez qu’elles seraient unanimement rejetées – et susceptibles en d’autres circonstances de provoquer un mouvement social de grande ampleur.
Je conçois que vous jubiliez de ce bon coup mais vous auriez tort de vous réjouir trop vite, car vous récolterez demain la sanction légitime d’une démarche dont la médiocrité sur la forme n’a d’égale que la dangerosité sur le fond……
…À l’évidence, la représentativité syndicale ne peut résulter que du vote des salariés, de tous les salariés. C’est pourquoi, sans rien ignorer du débat légitime entre les organisations syndicales, nous avions songé à retenir le scrutin prud’homal qui présentait l’avantage de permettre à tous les salariés, y compris ceux des PME, d’exprimer leur choix, de surcroît le même jour. L’argument du vote et de la représentativité mesurée dans l’entreprise, au plus près de l’action syndicale, conserve néanmoins toute sa force : c’est le choix des signataires de la déclaration commune, et nous le respectons.
La liberté de candidature au premier tour des élections dans l’entreprise s’impose dès lors que celles-ci serviront de mesure pour la représentativité. Nous nous sommes clairement exprimés en faveur de l’accord majoritaire à tous les niveaux.
……
Le texte du Gouvernement était-il donc si mal rédigé que pas moins de 70 amendements aient dû être déposés sur la première partie ? Pourquoi réorganiser l’ordre des critères de la représentativité pour notamment rétrograder celui de l’influence, en contradiction avec le résultat même de la négociation ? Au mieux, cela ne sert à rien ; au pire, c’est violer l’accord. Est-il opportun dans un texte sur la démocratie sociale de restreindre par rapport au droit positif la prise en compte des salariés non permanents dans le calcul des effectifs pour la mise en place des institutions représentatives du personnel ? N’est-il pas incohérent de souhaiter une avancée sur la représentation des salariés dans les petites entreprises et de renvoyer insidieusement, par voie d’amendement, l’application de l’accord UPA à des horizons lointains ?
L’UMP, en ce domaine comme en d’autres, est fidèle à ses habitudes. En dépit de l’accord conclu entre syndicats et employeurs représentant 800 000 entreprises artisanales quant au financement du dialogue social, nous en sommes encore, sept ans plus tard, à nous interroger sur la date de son entrée en vigueur ! Voilà qui illustre votre conception à géométrie variable du respect de la démocratie sociale
….
Nous avons là un texte d’un autre temps …qui supprime le contrôle de l’Inspection du travail, privilégie l’accord d’entreprise aux dépens de l’accord de branche, encourage le développement des conventions de gré à gré entre salariés et employeurs …et abroge des normes en matière de protection de la santé des travailleurs……

vous nous proposez la suppression pure et simple du repos compensateur au-delà de la 41e heure dans les entreprises de plus de vingt salariés. La contrepartie obligatoire en repos, qui le remplace, est renvoyée à la négociation par entreprise. Aucun minimum ne sera donc plus fixé dans la loi, et le dépassement du contingent d’heures supplémentaires annuelles ne sera plus soumis à l’accord de l’inspecteur du travail ou à la consultation préalable des représentants du personnel. Rien n’empêchera alors de fixer cette contrepartie obligatoire à quelques minutes, puisque vous supprimez tous les garde-fous ! Nous pénétrerons alors dans une jungle sociale.
…..
Avec ce texte, un employeur pourra donc fixer à 417 le nombre maximum d’heures supplémentaires annuelles. Ce plafond est aujourd’hui de 220 heures, mais 38 % seulement des salariés effectuent des heures supplémentaires pour une moyenne qui ne dépasse pas 55 heures. Ne prétendez donc pas que le déplafonnement est une mesure essentielle !
C’est dire la nature idéologique de ce texte, loin de toute réalité économique et sociale. Sa mise en œuvre se fera à marche forcée, puisque l’ensemble des accords de branche et d’entreprise seront caducs au 1er janvier 2010 et que les partenaires sociaux – que vous respectez, osez-vous dire – devront procéder à une renégociation obligatoire du contingent d’heures supplémentaires dans le nouveau cadre législatif.
…….
Ensuite, vous souhaitez remplacer les quatre modèles actuels de modulation du temps de travail par un système unique qui, au motif de la simplification, contribue au démantèlement des droits des salariés. Dans les entreprises qui travaillent en continu, par exemple, le nouvel article L. 3122-3 confierait à l’employeur le pouvoir unilatéral d’organiser le temps de travail sur plusieurs semaines. Or, s’il décide de fixer la limite haute à 48 heures, le salarié ne pourra plus effectuer d’heures supplé
…..
Ainsi, ce projet de loi inverse la hiérarchie des normes : pour la première fois, la supériorité de l'accord d'entreprise est affirmée.
Vous savez bien que ce bouleversement entraînera l'atomisation des règles d'organisation du temps de travail, qui deviendront objet de concurrence entre les entreprises d'une même branche. Que pourront les salariés d'une entreprise soumis au chantage d'un alignement par le bas sur un accord consenti dans une entreprise voisine ? Il n'y aura plus guère de négociation possible, puisque leur emploi sera en cause. Dès lors, le dumping social prospérera et la négociation d'entreprise s'effectuera toujours sous la contrainte des accords socialement les plus défavorables, surtout dans certaines PME
…..
En outre, la préférence que vous accordez à l'accord d'entreprise est nuisible au regard de la jurisprudence récente de la Cour de justice européenne . Celle-ci a donné raison à des entreprises qui protestaient contre un mouvement de grève des travailleurs finlandais et suédois, opposés au non-respect de leurs conventions d'entreprises par des entreprises d'origine estonienne et lettonne, et a sanctionné ces mouvements sociaux au nom de la libre prestation de service. De même, l’entreprise de construction allemande Ruffert a sous-traité, sur le sol allemand, une partie de son activité à une société polonaise, laquelle payait ses salariés moins de la moitié du salaire prévu la convention collective. Or, la Cour de justice a légalisé cette pratique en vertu de la directive de 1996 sur le détachement des travailleurs
Etc…….

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mercredi 2 juillet 2008


inflation : les salaires ne sont pas une menace -

Bruxelles, 01/07/2008

Au cours des dernières semaines, la Banque centrale européenne (BCE) a systématiquement mis en garde contre des évolutions salariales entraînant une inflation globale élevée et des marchés de l’emploi étroits en une spirale inflationniste salaires – prix. Selon la Confédération européenne des syndicats (CES), la réalité prouve exactement le contraire: les négociations salariales en cours ainsi que les tendances salariales attendues n’auront pas d’effets inflationnistes secondaires. C’est la raison pour laquelle une augmentation des taux d’intérêt, destinée à combattre une inflation imaginaire des salaires, constitue une grave erreur et risque d’aggraver le ralentissement économique et la crise financière.
Les craintes exprimées par la BCE concernant une évolution inflationniste des salaires sont en grande partie infondées et ce, pour les six raisons suivantes:
De nombreuses conventions collectives [1].couvrent déjà l’année 2009 et ont fixé l’augmentation des salaires à environ 3 %. Ce taux de croissance est plus que compatible avec l’objectif de stabilité des prix de la BCE. Au sein de la zone euro, la tradition de concertation entre acteurs des négociations collectives est bien ancrée. L’augmentation salariale de 3% pour 2009, suite aux accords conclus récemment, servira donc de référence aux négociations collectives qui débuteront d’ici la fin de 2008. De plus, et grâce à nouveau à la tradition de coordination des négociations collectives, les acteurs de ces négociations examineront l’ensemble de la situation et tiendront compte de la réalité économique et de la nécessité d’éviter des spirales inflationnistes salaires-prix. L’existence de mécanismes d’indexation automatique des salaires est limitée à 17% de la main-d’oeuvre de la zone euro. Là où existe une indexation automatique des salaires, elle est ancrée dans un cadre de négociation basé sur la nécessité d’une croissance globale des salaires afin de respecter la stabilité des prix. Le pourcentage d’entreprises de la zone euro faisant état d’un manque de main-d’oeuvre qualifiée est faible. De plus, ce pourcentage est déjà en recul et est passé de 7,6% au cours du trimestre précédent à 7,3% au cours du trimestre actuel. Le ralentissement économique, une devise surévaluée, le resserrement du crédit et le boom du logement sont peu susceptibles d’être à la base d’une croissance continue et d’une accélération des salaires.
Selon John Monks, Secrétaire général de la CES: “Les préoccupations de la BCE concernant les salaires sont infondées et dangereuses. La CES appelle la BCE à cesser d’utiliser les salaires comme alibi à l’augmentation des taux d’intérêt”.
[1] Produits chimiques allemands, métal italien, secteur public allemand, par exemple

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mardi 1 juillet 2008







congrès du PS


Je reçois des invitations à signer des contributions pour le congrès du parti qui n'est plus le mien - et je devrais cependant, pour moi, essayer de me déterminer entre les quatre dont je pense qu'elles correspondent à ce que devrait être ce parti (avec le handicap de la montée en popularité dans le vide à gauche, en partie réel, en partie résultant de la parole sélective des médias, creusé par les dérives des "leaders" auto et médiatiquement désignés, de Besancenot et des siens qui ne veulent pas (sauf peut être lui) d'une alliance quelconque et d'une prise de responsabilité - la contestation indispensable et stérile)
http://www.reconquetes.eu/ (doute sur la constance d'Henri Emmanuelli cependant)
http://lienemann.typepad.fr/ (pour Changer : à venir le 4 juillet)
et celle de Mélenchon

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